Plusieurs dizaines d'agriculteurs ayant bénéficié, dans le passé, des crédits Ansej pour monter leur petites entreprises et autres coopératives agricoles, se sont plaints dernièrement pour demander l'effacement de leurs dettes estimées, selon eux, à quelques dizaines de millions de centimes chacun. M. Badaoui Toufik, représentant de ces agriculteurs nous dira que « nous demandons aux hautes autorités du pays de réparer cette injustice qui fait que ceux qui doivent à l'Etat des milliards ont vu leurs dettes effacées au dernier centime, alors que nous, dont la plus importante facture est estimée, à peine à 2 millions de dinars, nous nous retrouvons harcelés par la banque ». Notre interlocuteur qui dit avoir saisi les responsables compétents, ajoute que « l'effacement des dettes a été fait suivant affinité, sinon comment expliquer que nous, petits éleveurs que nous sommes, on se trouve poussés à la faillite sans aucun soutien de la part des organisations de défense des agriculteurs ». Notre vis-à-vis pointe du doigt l'UNPA (Union nationale des paysans algériens) qui, d'après lui « n'a rien fait pour nous aider ». C'est pour cette raison, dira-t-il, que ses confrères se sont rangés du côté de la toute nouvelle organisation des Agriculteurs libres. Ainsi, certains fellahs bénéficiaires des crédits Ansej, jusque-là non concernés par l'effacement des dettes décidé par la présidence de la République, se plaignent du gel de tous leurs avoirs. L'un d'entre ces derniers, habitant la localité de Dirah (sud de Bouira) nous racontera que « la batterie de poules pondeuses que j'ai achetée en contractant un crédit Ansej est actuellement à l'arrêt, et les services de la banque n'ont pas trouvé mieux que de retirer l'argent destiné au logement rural dont j'ai bénéficié ». Celui-là ajoute que « plusieurs agriculteurs sont dans la même situation et l'Etat ne semble être généreux qu'avec ceux qui ont bénéficié de grandes sommes par le passé ». « L'effacement des dettes se fait au bénéfice de ceux qui peuvent casquer et les pauvres agriculteurs n'ont qu'à attendre encore », dira-t-il. Ces agriculteurs, qui se disent lésés, souhaitent voir les responsables de tutelle intervenir pour intégrer les bénéficiaires des crédits Ansej dans le dispositif de l'effacement des dettes, seul moyen, selon eux, de les sauver d'une faillite certaine, et par là rétablir une justice qui fait gravement défaut.