Quels sont les procédés couramment utilisés dans le cadre du blanchiment d'argent ? Les méthodes sont très variées. Elles dépendent de ce que l'on a à blanchir, du volume et des objectifs. Cela peut aller de la simple valise de billets que l'on dépose à la banque à l'utilisation des produits financiers les plus complexes. Il n'y a aucune homogénéité entre les pratiques. Quels moyens les Etats ont-ils pour lutter contre ces opérations illicites ? L'Algérie est membre du Groupe d'action financière du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (Gafimoan), organisme institué en collaboration avec l'OCDE. Cette structure met en place des normes et sensibilise les Etats à les respecter. Il existe, par exemple, dans la quasi-totalité des pays, des organismes chargés de réunir les déclarations de soupçon des établissements et professions sensibles. Notaires, avocats, banquiers, huissiers de justice, agents immobiliers doivent reporter par notification les opérations qu'ils considèrent comme douteuses auprès des autorités de lutte mises en place. Mais ces mesures ne sont que préventives. Elles demandent une sensibilisation de toutes ces professions. A côté de cela, il existe des méthodes plus classiques d'investigations financières. Concernant les opérations existant entre l'Algérie et Dubaï, se peut-il qu'il y ait une connivence tacite entre les autorités dubaïotes et algériennes ? Oui et non. Le propre du blanchiment est de pratiquer un maquillage, de rendre légales des opérations qui ne le sont pas. Par exemple, dans des cas de corruption, il peut n'y avoir aucun lien direct entre le corrupteur et son corrompu (cf : affaire des frégates de Taiwan). Plus le montant de la transaction est élevé, plus elle peut être dissimulée. Les techniques peuvent s'emboîter sur différents niveaux, les chiffres sont noyés dans plusieurs mécanismes financiers et, bien souvent, les opérations se divisent sur différentes places financières et tout cela se complique encore lorsque entrent en jeu les paradis fiscaux. D'un autre côté, les Etats disposent aussi de mécanismes permettant de couvrir des opérations illicites, comme le secret d'Etat. Cela induit que les mécanismes de blanchiment peuvent impliquer des Etats. Sait-on si la crise financière a eu un impact sur les transferts illicites de fonds ? A ma connaissance, il n'existe ni chiffre ni preuve concrète de ces théories. Certaines théories estiment que les mafias ont appuyé les banques lorsque celles-ci étaient en difficulté. Si on peut supposer à 99% que la crise a modifié les règles des transferts de fonds, je répète qu'il n'existe aucun chiffre ni aucune étude à ce sujet pour le moment.