La wilaya du Titteri, en particulier la ville de Médéa, vient de perdre récemment une grande figure, un homme extraordinaire qui a marqué de son empreinte l'histoire du sport en général, plus particulièrement le football, en la personne de Noureddine Enfoussi, qui s'est éteint à l'âge de 95 ans. Le défunt a été le dernier membre fondateur et un des principaux initiateurs de la création, au mois de juillet 1945, du club omnisports musulman de Médéa (OM), dans le but d'affronter l'humiliation, le mépris, les vexations et l'injustice que subissait au quotidien la communauté musulmane dite «des indigènes» par le colonisateur. Devant cette situation, l'idée de s'organiser en association sportive était une condition sine qua non pour encadrer et canaliser la jeunesse musulmane, tout en démontrant à l'oppresseur à travers la pratique du sport la valeur et la capacité des athlètes du peuple opprimé sur un terrain de sport. Car le sport, en parallèle à l'activisme politique qui était en ébullition en cette période cruciale qui avait coïncidé avec les tristes massacres commis par le colonisateur français un 8 Mai 1945, était aussi un autre moyen tout désigné et à la portée de la jeunesse musulmane de militer et prouver qu'ils étaient égaux à part entière dans tous les domaines, et encore mieux que les colons. Car le sport est devenu un véritable stimulant pour remonter le moral de la population musulmane, qui voyait les siens écraser à chaque fois les équipes adverses qui évoluaient en championnat. L'Olympique médéen, grâce à la volonté et au sens du sacrifice de ses valeureux hommes, à l'exemple de Noureddine Enfoussi, qui avait de son vivant beaucoup donné au sport en général, et à l'OM en particulier, en tant qu'entraîneur et joueur depuis la première affiliation de juillet 1945 jusqu'à l'année 1955, devait se retirer du championnat à cause du déclenchement de la lutte armée. A quelques semaines de la proclamation de la fête de l'indépendance du 5 Juillet 1962, le regretté et irremplaçable Noureddine Enfoussi enfile de nouveau son survêtement et s'arme de son sifflet pour rassembler, encore une fois, au stade Si Hamdane, toute la jeunesse médéenne et reprendre les entraînements, en formant en même temps des équipes dans toutes les catégories d'âge. Toutes les personnes qui l'ont connu garderont à jamais de lui un bon souvenir, celui d'un homme hors pair, fair-play, correct, sérieux et généreux, qui avait toujours du respect et de la considération pour son vis-à-vis. Repose en paix.