Le festival est en violation flagrante des règles régissant les milieux naturels. Les citoyens conscients souhaitent voir cette manifestation délocalisée de Tikjda. La réserve biosphère de Tikjda, 35 km au nord-est de Bouira, qui connaissait par le passé de multiples atteintes dont l'effet dégradant sur les espèces faunistiques et floristiques est irréversible, fera désormais face à une nouvelle agression dont l'administration en assume les responsabilités. En effet, ce lieu où il est strictement interdit de produire des sons gênants, à même de déranger les animaux sauvages qui s'y trouvent, vient d'accueillir un festival de la chanson, où le bruit de la musique produite est amplifié. Des membres d'associations écologiques et autres techniciens du parc national du Djurdjura, conscients de l'impact négatif de ce festival sur les animaux, nous ont fait part de leur déception face à cette décision qualifiée d'irréfléchie. En effet, et toujours selon nos interlocuteurs, « cette décision est en violation flagrante des lois régissant ce lieu qui, de surcroît, est situé en pleine réserve naturelle ». Nos interlocuteurs qui citent les dispositions de la loi n° 03-10 du 19 juillet, relative à la protection de l'environnement dans le cadre du développement durable, insistent sur le fait que les initiateurs de ce festival n'ont pas pris le soin de consulter les spécialistes en la matière. Les juristes, parmi ceux que nous avons consultés, abondent dans le même sens, eux qui confirment la violation de la loi. Pour eux, « les articles 72, 73 et 74 de la loi 03-10 sont pourtant clairs ». Dans l'article 73, on peut effectivement lire : « les activités bruyantes sportives et de plein air susceptibles de causer des nuisances sonores sont soumises à des prescriptions générales. » Et l'article 74 qui soumet toute activité du genre à autorisation, précise que « la délivrance de cette autorisation est soumise à la réalisation de l'étude d'impact et de la consultation du public, conformément aux conditions déterminées ». alors que, d'après nos sources, aucune étude au préalable n'a été faite à ce sujet. Cependant et comme nous sommes en face d'une édition expérimentale, qui se trouve un prélude pour un festival grandiose, prévue pour juillet prochain, les spécialistes consultés souhaitent voir le wali de Bouira délocaliser cette manifestation dans un lieu plus adapté. D'autre part et tout en sachant les effets que ça a dû avoir sur les singes ainsi que les oiseaux sauvages, actuellement en période d'accouplement, nous apprenons que des réticences sont exprimées au sein même de l'administration. D'abord au niveau des organismes concernés où certains responsables nous ont fait l'aveu de ne pas avoir été consultés au préalable. D'autre part, des sources proches de la wilaya indiquent que la secrétaire générale aurait demandé une étude d'impact approfondie qui devait être faite juste après cette édition expérimentale. « Tout est à l'honneur de cette dame », s'exclament les écologistes consultés, qui souhaitent assister à un festival sans dégâts sur la nature d'ici le mois de juillet.