Le manque de prise en charge de l'activité de l'assainissement, selon les normes que requièrent les engagements de l'Algérie aux différentes conventions internationales en la matière, ont conduit les pouvoirs publics à la création d'un établissement spécialisé (ONA). Pouvez-vous nous donner un aperçu sur l'état des lieux de l'assainissement, en ce qui concerne l'Agence régionale d'Alger, depuis sa création le 2 janvier 2003 à ce jour ? Créé ex nihilo (sans moyens humains, matériels et financiers), l'ONA (ARA), aujourd'hui, est un siège de l'agence, cinq unités opérationnelles qui couvrent neuf wilayas et qui emploie un effectif de 608 agents. Son plan de charge est constitué de 10 stations d'épuration (Step) et 31 stations de relevage en exploitation ainsi que la gestion des réseaux d'assainissement à travers 112 communes. Le volet études porte sur les déviations des réseaux d'assainissement dans le cadre des aménagements des carrefours à travers la wilaya d'Alger (trémies ), les études de diagnostic et propositions des techniques de réhabilitation (Step Sidi Bel Abbès, Staouèli, Tizi Ouzou). La réhabilitation des collecteurs CIC (Collecteur intercommunal qui s'étend d'El Biar au port d'Alger) SIFI et d'autres infrastructures au niveau des rues Hassiba Ben Bouali, Balzac, plateau Saulillère et Bologhine. L'agence dispose d'un SIG assainissement qui est une base de données cartographique descriptive du réseau d'égout du Grand-Alger, d'un archivage électronique des plans. Certaines archives remontent au XIXe siècle. Pour le matériel spécifique à l'activité d'assainissement, l'agence dispose de 29 camions hydrocureurs. Ce matériel est destiné au curage, à la désobstruction et à la vidange des réseaux d'égouts par pression et deux caméras d'auscultation. Cet équipement permet l'inspection des réseaux non visitables (fibroscopie). L'ONA/ARA est, par ailleurs, dotée de deux stations de pompage mobile pour l'épuisement des eaux, notamment dans le cas des inondations. Etablissement à caractère industriel et commercial (EPIC), l'ONA arrivera-t-il à faire face financièrement à son ambitieux plan de charge ? Les recettes issues du tarif assainissement sont négligeables par rapport aux charges incompressibles d'exploitation. Les recettes couvrent 8% des coûts réels d'exploitation, la différence devait être couverte par la sujétion de services publics de l'assainissement. Cette différence, entre les recettes et les coûts, est définie à travers la contribution annuelle de l'Etat par le cahier des clauses générales qui fixe les charges de sujétion de service public de l'ONA. Les actions menées par l'ONA en vue de l'obtention de ces ressources financières n'ont pas connu encore d'aboutissement. La gestion de l'assainissement à un prix, il faut que quelqu'un paye : soit l'usager, soit l'Etat. Continuer dans la logique actuelle, c'est laisser nos ouvrages se dégrader davantage et en même temps gaspiller les ressources financières du pays dans des infrastructures qui ne servent pas et en plus tombent dans l'abandon à cause de la non-prise en charge. Cette situation ne sera-t-elle pas quelque peu atténuée avec la mise en place d'une nouvelle tarification de l'assainissement ? Le reversement systématique à l'échelle nationale du produit du tarif assainissement permettra, effectivement, à l'ONA d'améliorer la prise en charge de l'activité de l'assainissement Quel est votre message en tant qu'exploitant ? L'ONA en charge de ce sous-secteur demeure l'instrument privilégié de l'Etat à travers le plan d'action initié par le ministère des Ressources en eau pour accomplir les tâches initiales qui ont fait défaut par le passé au bon fonctionnement des infrastructures de l'assainissement qui étaient déjà installées. Il ne peut y avoir ni santé publique, ni éducation, ni agriculture à la hauteur des attentes de citoyens, et encore moins le développement du tourisme, sans une protection efficace de l'environnement.