La marche la plus importante et celle qui a absorbée toutes celles rencontrées en cours de route, comme une boule de neige, est celle entamée à partir du quartier de Sidi Abbaz. « Nous continuerons à marcher autant de vendredi qu'il en faudra, et ce jusqu'à ce qu'ils comprennent qu'on n'en veut plus d'eux tous comme ils sont. Le peuple a décrété qu'ils partiront tous, c'est donc tous qu'ils doivent débarrasser le plancher, point barre », crie à gorges déployée un enseignant de mathématiques, pour se faire entendre, au milieu d'une foule dense et bruyante. Un médecin généraliste qui était accompagné de deux de ses enfants, drapés chacun dans un emblème national, ajoute « s'ils pensent avoir ce peuple à l'usure c'est mal connaitre le peuple Algérien qui a pu supporter 132 ans de colonialisme mais qui a fini de le mettre dehors grâce à son courage et sa perspicacité. Donc, ce n'est pas au bout de six eu six cent six marches qu'ils vont nous avoir, ils finiront bien par jeter l'éponge et comme le dit si bien le poète, ils quitteront bien la table quand ils auront compris qu'elle est desservie. » Dans la foule, bigarrée, colorée, joyeuse et pleine d'entrain nous avons reconnu des enseignants, des médecins, des infirmiers, des syndicalistes, deux anciens députés indépendants, une avocate, un chirurgien neurologue très connu sur la place de Ghardaïa, accompagné de sa petite fille drapée dans l'emblème national. Nous avons rencontré une dame, fille de Moudjahid venue de Boufarik pour participer à la marche. Elle était entourée d'une bande de jeunes qui la protégeaient des éventuelles bousculades. Pour en revenir à la marche de ce 6ème vendredi, elle ne différait pas beaucoup des précédentes si ce n'est que cette fois ci, il y avait beaucoup plus de femmes, de jeunes filles et de familles entières, dont certaines précédaient la foule dans des voitures recouvertes de l'emblème national. Les slogans, eux par contre, ont évolués en fonction des nouvelles propositions et avancées des demandes du peuple. « Non à l'article 102 » est celui qui revenait le plus souvent avec celui, nouveau, « Ni Salah, ni Bensalah », allusion à Gaïd Salah et le président du sénat. Et comme d'habitude, la marche la plus importante et celle qui a absorbée toutes celles rencontrées en cours de route, comme une boule de neige, est celle entamée à partir du quartier de Sidi Abbaz qui en arrivant à El Harrameïne aux abords de Béni Izguène, a « embarquée » une procession de jeunes et moins jeunes du K'sar de Béni Izguène , avant « d'engloutir» , sur le boulevard du 5 Juillet , au carrefour de Merrakchi une autre procession du quartier populeux et populaire de Theniet El Makhzen , en compagnie de laquelle ils ont longé toute l'avenue du 1er Novembre, longue de 2000 mètres, puis le boulevard Emir Abdelkader , avant de bifurquer par l'avenue Talbi Ahmed , où elle a été rejointe par trois autres processions provenant des quartiers de Hay El Moudjahidines , plus connue sous le nom de Zgag Lihoud, Hadj Messaoud et Ben Smara pour aller tous ensemble crier leurs slogans sur la très large esplanade du 1er Mai , lieu emblématique de Ghardaïa pour toutes les manifestations ou contestations populaires . Après s'être égosillés pendant plus de 45 minutes, les différentes processions sont revenues chacune vers son point de départ dans le calme, si bien qu'aucun dépassement ou incident n'a été constaté. Et comme à chaque fois, il faut encore une fois saluer le remarquable comportement des forces de sécurité qui ont remarquablement encadré et accompagné les foules sans jamais avoir à intervenir . « Dites à El Gaïd Salah que sa proposition est dépassée. Qu'il emmène toute cette clique avec lui, si vraiment il a encore du respect pour son peuple » nous lance un quadragénaire, alors que son accompagnateur ajoute, d'un air grave, « nous reviendrons la semaine prochaine s'ils ne répondent pas positivement aux revendications du peuple. Ils ont intérêt à ne pas aggraver leurs cas. Ils ont déjà fait trop de mal, qu'ils partent ! »