Le syndicat des transporteurs conteste les conditions de délivrance des licences d'exploitation des lignes de transport. Les transporteurs en commun de la wilaya de Boumerdès sont confrontés à d'innombrables difficultés et problèmes. Ils se plaignent notamment de la précarité de leur métier. « Actuellement, les licences d'exploitation des lignes sont valables pour 3 ans. Quoiqu'elles soient renouvelables, le risque de se voir retirer ce document au bout de cette période, notamment lorsqu'il s'agit d'une ligne rentable, n'est pas à écarter », nous a dit M. Charef, membre du syndicat des transporteurs. Ce qui, estime-t-il, dissuade les gens d'investir sérieusement dans ce secteur. Les transporteurs se révoltent également contre l'inclusion des arrêts de travail justifiés, comme les cas de pannes ou de retrait de documents, dans l'opération d'imposition. Ils soulèvent aussi le problème de la diminution du nombre de rotations, surtout pour les transporteurs assurant la desserte entre les différentes localités de la wilaya et Alger, due aux encombrements et embouteillages sur les routes. A cela s'ajoute la flambée des prix des pièces de rechange et le coût élevé de l'assurance du personnel représentant environ 30% du salaire. Le concours de ces facteurs fait que « le transporteur n'arrive plus à amortir son investissement ». Par conséquent, l'on recourt à l'achat de bus vétustes. D'autant plus que l'imposition sur les bus neufs se fait sur la base du chiffre d'affaires tandis que l'on applique un montant forfaitaire pour les anciens. Les transporteurs dénoncent également « des pratiques malsaines dans l'attribution des lignes rentables ». « Les lignes rentables sont tellement convoitées qu'il n'est pas aisé d'en avoir l'autorisation d'exploitation. Vous savez comment ça se passe avec l'administration dans des cas où d'importants gains sont en jeu », regrette le syndicaliste. Contrairement à celles-ci, les lignes non rentables ne trouvent pas preneur. De ce fait, un déséquilibre s'installe : certaines lignes sont surexploitées tandis que d'autres sont sous-exploitées. Pour remédier à ce problème de fond, les transporteurs suggèrent « une attribution équitable des lignes rentables et une subvention au profit des exploitants des autres qui ne le sont pas ». Les transporteurs assurant la desserte Boumerdès-Alger ou Boudouaou-Alger sont soumis au diktat de certains individus qui les rackettent quotidiennement au niveau des arrêts de Réghaïa, Rouiba et la Glacière. « Des gens postés au niveau desdits arrêts nous donnent des tickets, sous un sceau illisible « emploi de jeunes », nous demandent de payer 30 DA à chaque passage. Celui qui refuse de se soumettre à leur volonté est agressé », nous a affirmé un transporteur reliant Boudouaou à Alger. A ce sujet, le syndicaliste nous dira : « L'an dernier, nous avons été confrontés pendant quelques mois au même problème au niveau de la gare routière de Boumerdès. Un agent nous demandait de payer 50 DA par bus à chaque stationnement. C'était dû à l'absence d'une entreprise de gestion de la gare. Cette mesure a été annulée après qu'un transporteur, auquel on avait retiré sa licence pour avoir refusé de s'acquitter de ladite somme, eut porté l'affaire en justice. Ces pratiques relèvent du vol car nous nous acquittons des droits de quai pour une somme de 1900 DA/mois à la gare de Boumerdès et de 4800 DA le mois à la gare du 2 Mai d'Alger. » Les transporteurs se plaignent également de l'insécurité et des agressions répétitives sur la RN5 ainsi qu'au niveau des arrêts de bus de Réghaïa. Selon eux, ces obstacles aggravent l'anarchie et la médiocrité qui caractérisent ce service public dans la wilaya.