Les signataires de l'appel pour la réappropriation de l'UGTA par les travailleurs appellent à intensifier les actions de protestation contre le secrétariat national et son responsable, l'inamovible Abdelmadjid Sidi Saïd. Réunis au siège de l'union locale de Rouiba (Alger) mercredi dernier, les participants – parmi lesquels des représentants d'unions de wilaya, des membres de la Commission exécutive nationale (CEN) et des syndicalistes – ont adopté un programme d'action : organisation de rassemblements des syndicalistes au niveau de chaque wilaya le mercredi 22 mai et d'un rassemblement national le mercredi 12 juin sur l'esplanade de la Maison du peuple à Alger (siège de la centrale syndicale, 1er Mai), précise le communiqué rendu public à l'issue de la réunion. Les mêmes mots d'ordre sont retenus : rejet du congrès «préfabriqué» du 20 juin et exiger le départ des membres du secrétariat national, à leur tête le secrétaire général ainsi que tous ceux qui les soutiennent, et exiger la restitution de l'UGTA aux travailleurs à travers l'organisation, d'ici la fin de l'année, d'un congrès national extraordinaire où tous les participants doivent être mandatés par les travailleurs. Les initiateurs comptent tenir une réunion avant la date du 22 mai 2019, regroupant les membres de la CEN qui se démarquent de la ligne «anti-travailleurs» de la centrale et des cadres de l'UGTA, victimes de marginalisation, en vue de l'installation d'un comité national souverain de réappropriation de l'UGTA par les travailleurs (CNRUT). Ce comité, précise-t-on, sera compétent pour programmer et préparer le congrès national extraordinaire de l'UGTA avant la fin de l'année. Autre initiative : le lancement, auprès des travailleurs ainsi qu'à travers internet, d'une pétition nationale : «Un million de signatures pour exiger la restitution de l'UGTA aux travailleurs.» «Décisions anti-statutaires» Plusieurs actions de protestation ont été organisées, ces dernières semaines, devant le siège de l'UGTA pour exiger le départ de l'inamovible secrétaire général de l'organisation, Abdelmadjid Sidi Saïd, et restituer l'UGTA aux travailleurs. Il y a eu deux rassemblements «historiques» en dates du 17 avril et du 1er mai 2019 accompagnés par d'actions tenues simultanément dans la majorité des wilayas du pays. «Cette mobilisation sans précédent dans l'histoire de l'UGTA a définitivement disqualifié le secrétariat national, à sa tête le secrétaire général, qui ne peuvent en aucun cas continuer à parler au nom des travailleurs et de l'UGTA», précisent les protestataires, qui constatent que «prise de panique, la direction disqualifiée de l'organisation, après avoir annulé les festivités du 1er Mai, une première depuis l'indépendance, a multiplié les décisions illégales et antistatutaires ». Pour les détracteurs de Sidi Saïd, la direction actuelle a en effet organisé une réunion «antistatutaire de la CEN convoquée et tenue en violation des dispositions statutaires en termes de délais et de quorum». Elle a aussi, précisent-ils, convoqué un congrès national pour les 20 et 21 juin 2019, «par des personnes non habilitées statutairement et dans un délai inférieur aux trois mois prévus par les statuts». «Cette précipitation a donné lieu à des actions de la part de certaines instances, qui constituent une véritable mascarade, un mépris pour les syndicalistes et les travailleurs et une insulte aux bases du syndicalisme», dénoncent-ils. Autres actions menées contre les adversaires de la direction : les suspensions «antistatutaires en cascade» de membres de la CEN et d'instances qui ont refusé de suivre la ligne «antipopulaire et antitravailleurs» de la centrale syndicale et l'«agression physique de la part de baltaguia à la solde de la centrale» de Souad Baroudi, secrétaire générale de l'union de wilaya de Tlemcen et signataire de l'appel de réappropriation de l'UGTA par les travailleurs. Les syndicalistes déplorent par ailleurs l'interdiction, par les forces de sécurité, aux syndicalistes présents aux rassemblements pacifiques du 17 avril et 1er mai 2019, d'accéder à l'esplanade de la Maison du peuple, «propriété des travailleurs». «Nous demandons la protection du droit aux travailleurs de manifester pacifiquement et le droit d'exiger que leur soit restituée l'UGTA», exigent-ils.