L'œuvre de Assia Djebar, entre transcription et transmission, est le thème d'une rencontre prévue le 22 juin au niveau de la bibliothèque municipale de Larbaâ Nath Irathen. L'initiative émane de Amirouche Malek, organisateur du Café littéraire et philosophique de Tizi Ouzou et Aziz Namane, enseignant à l'université Mouloud Mammeri. «Après les évocations de Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun et Si Amar Ou Saïd Boulifa, l'Entreprise d'organisation des événements culturels, économiques et scientifiques (EMEV) tiendra une journée d'étude sur la grande écrivaine Assia Djebar», nous a annoncé Malek Amirouche. Assia Djebar (1936-2015) est la quatrième écrivaine algérienne (après Fadhma Ath Mansour, Taos Amrouche et Djamila Debèche) à emprunter la voie sinueuse de l'écriture littéraire, et la première Maghrébine à mettre en scène la parole féminine et à mettre en voix les grands discours de sa société, note le comité d'organisation dans l'argumentaire de cet événement littéraire. Elle est aussi la première enseignante en histoire dans son pays, et la première académicienne, la plus reconnue de toutes les femmes de sa culture et rive sud-méditerranéenne, et la plus couronnée universellement par plusieurs prix et distinctions, a-t-on rappelé. «L'écrivaine femme la plus importante au Maghreb». «Elle est, comme la qualifiait Tahar Djaout, ‘‘écrivaine-femme'' la plus importante au Maghreb». Son œuvre colossale (comprenant 12 romans, 2 recueil de nouvelles, 2 essais, 2 films, 1 recueil de poèmes, une pièce de théâtre, et plusieurs articles et contributions) est un héritage pour la nouvelle génération d'écrivains et de chercheurs et un engagement intellectuel qu'il conviendrait de mettre en valeur et de soumettre à une lecture critique productive, ouverte et multidisciplinaire», estiment les organisateurs de ce colloque. L'œuvre djebarienne se veut, dans sa pluralité, «une mise en écho, dans un besoin compulsif de garder trace des voix, tout autour, qui s'envolent et s'assèchent» (Djebar, Ces voix qui m'assiègent,1999, p. 26), et le formidable élan pris s'étale sur près d'un demi-siècle de transcription et de transmission, transcrivant la femme, le couple, l'histoire, l'identité, la langue, le corps, l'écriture, l'homme et transmettant la mémoire, la voix(e), la lettre, la culture, l'avenir et la liste n'est pas limitative, relève-t-on encore dans le texte de présentation accompagnant le programme transmis à notre bureau régional. Comment rendre compte d'une œuvre si diverse et singulière? «Nous entendons par cette rencontre rendre hommage à cette icône de la littérature algérienne ‘‘francographe'', comme elle aimait à se qualifier- «Comme tous les écrivains,- disait-elle- j'utilise ma culture et je rassemble plusieurs imaginaires (Le Figaro, le 16 juin 2005), et porte un regard critique sur sa graphie et sa phonie à la lumière des approches multidisciplinaires.» La voix féminine, l'oralité et le corps féminin Les axes de la rencontre traiteront de l'histoire, la mémoire, la voix féminine, l'oralité, le corps féminin, l'espace et le mouvement, la langue et l'écriture, l'identité, la pluralité et l'altérité. Autres points à l'ordre du jour : le métissage culturel et l'hybridité littéraire et artistique (cinéma, peinture, danse, musique, etc.), la polyphonie et l'intertextualité, la traduction et la transmission de l'œuvre de Assia Djebar. Selon les organisateurs, les participants peuvent apporter d'autres thèmes et suggérer d'autres lectures de l'œuvre foisonnante de Assia Djebar. Les langues de communication retenues sont le français, le berbère, l'arabe et l'anglais, a-t-on précisé.