Le rassemblement des travailleurs de la Fonction publique, prévu pour hier devant le ministère du Travail, a été empêché. A peine arrivés, les protestataires ont été renvoyés par les nombreux policiers en civil et en uniforme dépêchés sur les lieux dès les premières heures de la matinée. Les syndicalistes affiliés au Snapap et au CLA ainsi que des représentants des partis politiques (RCD et FFS), et les militants de la LADDH venus participer à cette action n'ont pas pu se rapprocher du siège du ministère du Travail. Le film d'une protestation pacifique avortée... Les contestataires se sont donné rendez-vous au niveau de la rue adjacente au siège du ministère du Travail. Il était 11h. Rassemblés à quelques mètres du bâtiment, une quarantaine de personnes tentent de se rapprocher du lieu du sit-in. Munis de pancartes et banderoles, les syndicalistes avancent en scandant des slogans hostiles aux pouvoirs publics et à leurs tentatives de faire taire les syndicats autonomes. « Djazaïr Hararouha, li el hogra ouadjdouha (l'Algérie a été libérée et ils en ont fait un lit de la hogra) », « Liberté syndicale ! » et « A bas la répression », tonnent en chœur les contestataires qui avancent doucement vers l'entrée principale du ministère. Mais pas pour longtemps. Parcourant à peine une cinquantaine de mètres, ils ont été stoppés par les agents de la police antiémeute. Ces derniers les invitent à rebrousser chemin, tout en les bousculant. Evitant l'affrontement , les protestataires reculent en scandant divers slogans hostiles à la politique répressive des autorités et prenant à témoin l'opinion publique : « Regardez le sort qui nous est réservé » et « Syndicats autonomes ! ». Cernés de partout, les protestataires sont restés unis en poursuivant leur reculade. Ils ne se sont séparés qu'au niveau de la rue Hassiba Ben Bouali. Mais avant de rentrer chez eux, les protestataires ont promis de revenir une nouvelle fois, le moi prochain. L'empêchement de cette action pacifique est qualifié de scandaleux par Tahar Besbas, député du RCD, venu soutenir les syndicalistes. « Malheureusement, cette situation ne crédibilise pas l'Etat algérien. Ces agissements vont encore discréditer l'Algérie », dénonce-t-il. L'interdiction de l'action, selon Laroub Hassan, élus du FFS à l'APW d'Alger « ne fait que confirmer la nature du pouvoir algérien qui refuse toute expression populaire ». Cette action a été organisée, rappelons-le, pour dénoncer le nouveau projet du code du travail qui, selon les syndicats autonomes, « va anéantir les derniers acquis des travailleurs ». « C'est un projet préparé en catimini pour éliminer tous les droits du travailleur algérien, tels que le droit de grève, les libertés syndicales ou encore la retraite sans condition d'âge. » Les organisateurs de ce rassemblement demandent aussi la titularisation des contractuels et la régularisation de l'ensemble des travailleurs suspendus ou exclus en signe de représailles pour leurs activités syndicales.