Les anciens élèves de l'école de garçons de Chebli ont tenu à rendre un vibrant hommage à l'un de leurs maîtres, Jean Pierre Vadell, qui a enseigné et dirigé cette école de 1964 à 1972. Cet instituteur « hors pair »,comme s'accordent à le qualifier tous les hommes grisonnants, a laissé son empreinte sur toute une génération, nous dit-on. A la maison de jeunes de Chebli, ils étaient, il y a quelques jours, tous là, fonctionnaires, cadres, enseignants, émus et intimidés par la présence de leur « maître ». L'opération a été minutieusement préparée par un groupe d'anciens élèves, simultanément en France et à Chebli. C'est d'abord par internet que le contact a été établi il y a quelques années, puis Ouzzani Abdelfettah, actuellement président de Reage (Réseau des Algériens des grandes écoles étrangères) à Paris (et ancien élève) qui s'est rendu en personne chez M. Vadell pour l'inviter pour une semaine de retrouvailles à Chebli. Un riche programme a été concocté par les organisateurs : une allocution de bienvenue prononcée par M. Ouzzani dans laquelle le parcours de l'invité a été retracé ; la dernière promotion a tenu à lui rappeler certains souvenirs marquants de l'année scolaire 1971/1972 ; un ancien collègue a pris la parole pour vanter les mérites de cet homme. La troupe de musique andalouse El Ghaoutia de Chebli a régalé l'assistance avec des noubate de son riche répertoire. Une projection de l'album des anciennes photos a été réalisée pendant que les participants prenaient une collation. Monsieur Vadell, qui a gardé le même sourire et le même regard que lui connaissaient ses anciens élèves, était ému aux larmes : « Ce que vous avez fait me va droit au cœur ! Je n'oublierai jamais votre accueil chaleureux et votre amitié ! L'Algérie est un pays fantastique ! Les médias français se trompent sur votre compte ; j'aurais aimé qu'ils fussent là, qu'ils voient ce que j'ai vu, qu'ils ressentent ce que j'ai ressenti ! J'ai retrouvé mon pays, mes élèves et mes amis ! Vous avez réchauffé mon vieux cœur, merci ». Un air de nostalgie et de souvenirs, de l'odeur des vieux livres et de l'encre violette a soufflé donc sur la ville pendant sept jours pour le bonheur de ces anciens élèves ravis de retrouver leur instituteur.