Quel mot serait assez fort pour décrire le rush que connaissent les grandes rues marchandes de la capitale ? Aucun. Boulevard Hassiba Ben Bouali, Meissonnier ou encore les marchés de la place des Martyrs et autres sont tous pris d'assaut. Il est presque impossible d'accéder aux différents magasins de ces sites très fréquentés par les petites bourses. Un monde fou ! «Regarde ! Ils sont à 800 DA alors que j'ai trouvé les mêmes à Bou Ismaïl (Tipasa) à 1200 DA», tentait vainement une jeune épouse de convaincre son mari de la bonne affaire qu'elle tenait entre les mains : une paire de ballerines. Au marché de la place des Martyrs, tous les vendeurs crient à la bonne affaire. «Diri l'affaire ya mra» (Faites une bonne affaire madame) est une phrase que répètent la plupart des vendeurs pour attirer les clients, essentiellement des femmes accompagnées de leurs enfants. Il y avait également des groupes de jeunes filles et de jeunes hommes. L'objectif est le même : être tiré à quatre épingles le jour de l'Aïd sans trop se ruiner. Au marché de la place des Martyrs, tout se vend ! Vêtements pour les deux sexes et pour tous les âges, ustensiles de cuisine, boîtes à gâteau en plastique et en carton, accessoires pour cheveux et pour la maison, tout y est. Meilleur attrape client ? Les prix. Vont de 100 DA pour les simples accessoires jusqu'à 2500 et 4000 au max pour les tenues complètes. Entre ces deux fourchettes, il y a énormément de bonnes affaires à saisir. D'après El Hadj Tahar Boulenouar, président de l'Association nationale des commerçants et des artisans (ANCA), la demande sur les articles vestimentaires pour enfants a augmenté cette année de plus de la moitié. Les prix abordables proposés seraient la cause de cette forte demande. Certains parents pensent même à garder ces vêtements pour la rentrée sociale prochaine. Selon la même source, la confection des gâteaux représente un autre créneau très florissant. Il aurait connu une hausse considérable de son activité commerciale de près de 70%. Exagéré ou pas, ce chiffre semble très proche de la réalité vu le nombre important de fréquentation que connaissent les magasins de vente de composants pour gâteaux. Il s'agit entre autres de la farine, des œufs, des colorants, des accessoires de décoration et autres moules et coupe-pâtes. Contrairement à ce que pensent certains, les prix ne sont pas vraiment abordables. Le prix de simples coupe-pâtes peut aller de 250 DA jusqu'à 800 DA. Pour les composants d'une simple recette d'une seule douceur, on peut facilement dépenser 2000 DA. Ceci sans compter les composants essentiels, tels que les amandes cédées à 1800 DA le kilo ou les cacahuètes à 600 DA/kilo. «Personnellement, je préfère acheter des gâteaux préparés que de dépenser une fortune et des efforts pour des gâteaux faits maison certes, mais qui ne seront jamais de la même qualité décorative que ceux que j'achète», témoigne Ghania, une jeune maman de deux enfants, fonctionnaire. Elle appuie son choix également par le manque de temps. Une décision que partagent aujourd'hui bon nombre de femmes, travailleuses ou pas. Cela représente un véritable créneau commercial pour des femmes au foyer et des pâtissiers. Dans cette course à la préparation de l'Aïd, le commerce informel trouve son compte. Les trottoirs du boulevard Hassiba Ben Bouali sont envahis par des étals de fortune au point de ne pas trouver d'espace pour marcher tranquillement. D'après le président de l'ANCA, ces vendeurs ambulants occupent le vide causé par le manque de marchés de proximité. Libérer la voie publique et réglementer l'activité commerciale dans la ville relève des compétences de l'APC et des services de l'ordre. Deux entités qui semblent ne pas vouloir agir. Le hirak et la colère populaire seraient-ils à l'origine de cette passivité ? Fort probablement. Le rush n'est pas seulement dans les marchés et les magasins, mais aussi sur les réseaux sociaux. Les mêmes produits trouvés à l'extérieur y sont vendus sans toucher aux fourchettes de prix. Avec l'option de livraison à domicile et de paiement cash, ils représentent pour les personnes n'ayant pas le temps de faire les boutiques une véritable aubaine. En virtuel comme en réalité, une chose est sûre : de pareilles occasions permettent aux commerçants de faire fortune en quelques jours et de vider des bourses pour plusieurs mois. – Grève des contrôleurs : Les agents menacent de perturber la permanence de l'aïd Les agents de contrôle commercial ont engagé, hier, une nouvelle grève qui se prolongera jusqu'à mercredi prochain, menaçant de perturber la permanence de l'Aïd El Fitr au cas où leurs revendications professionnelles ne seront pas satisfaites. Le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du secteur du commerce (SNTC), Ahmed Allali, a précisé, dans une déclaration à l'APS, que ce débrayage intervient dans le cadre de la poursuite du mouvement de grève auquel a appelé le syndicat, en vue de concrétiser sur le terrain les engagements du ministère du Commerce, notamment pour ce qui a trait à assurer la sécurité, le régime indemnitaire, le statut et la prime du Fonds de revenus complémentaire (FRC). APS