Décidément, les sorties sur terrain des ministres et walis de la République sont de plus en plus compliquées. Depuis le début de l'insurrection populaire, les visites des responsables, notamment au niveau local, sont quasiment impossibles. Attendu à la commune de M'chedallah, le premier responsable de la wilaya de Bouira, Mustapha Limani, a été obligé, mercredi, d'annuler sa visite, entrant dans le cadre des festivités commémoratives du 57e anniversaire de l'indépendance du pays. En effet, l'appel lancé sur les réseaux invitant les populations de M'chedallah, dans l'est de la wilaya, à se mobiliser contre la visite du chef de l'exécutif dans la région, a trouvé un écho favorable. Dès les premières heures de la matinée d'avant-hier, plusieurs citoyens de la localité de Raffour se sont rassemblées au niveau du site pouvant abriter un groupe scolaire. En présence du militant de la démocratie et l'ex-animateur du mouvement culturel berbère, (MCB), M'hand Amarouche en l'occurrence, la foule a scandé des slogans hostiles au pouvoir en place, «Pouvoir assassin !» et «Ulac Smah Ulac !» «Notre seul projet viable est structurant. L'Algérie nouvelle. Basta. Dégagez !», lit-on sur un panneau porté par un manifestant. Enveloppés dans les drapeaux berbère et national, les protestataires crient : «Pouvoir assassin !», «Libérez Bouregaa !», «Libérez les détenus !» Et comme dans toutes les manifestations appelant au départ du système, l'humour était toujours présent. Les slogans variés inscrits sur les pancartes brandies par la foule étaient réfléchis. Ils font tout bonnement preuve de beaucoup d'humour, mais aussi de maturité. Brandissant l'emblème national et l'étendard amazigh et scandant les fameux slogans du «hirak», les jeunes et moins jeunes, en grand nombre, ont improvisé une inauguration symbolique du «grand projet de construction de l'Algérie nouvelle», confiée à l'entreprise «mains propres», sous le haut patronage du «peuple» et le financement de 1000 milliards de dollars «récupérés des caisses de la pègre», «El Issaba». Un grand panneau a été érigé à la place prévue par les autorités pour la pose de la première pierre pour la réalisation du l'équipement en question. En plus de ce slogan, les manifestants ont écrit par ailleurs : «Pas de dialogue sans la libération de tous les détenus d'opinion. Préalables démocratiques. Peuple pacifique : pouvoir violent». Dans une déclaration, le militant M'hand Amarouche a souligné : «Grâce à la mobilisation des citoyens de Raffour, le wali a rebroussé chemin et l'inauguration officielle a été avortée.» Vu la tournure qu'avait pris la visite des membres de l'exécutif, la délégation conduite par le wali a improvisé d'autres points visant tout bonnement à «meubler son programme».