Seule l'organisation d'une élection présidentielle dans un délai «raisonnable» serait, selon le pouvoir, à même de mettre fin à la crise politique que traverse le pays. Le pouvoir est à la recherche d'un «consensus» qui naîtrait d'un dialogue qu'il veut le plus large possible afin d'éviter de rééditer l'échec des deux scrutins précédents. Le pouvoir attend l'émergence de ce panel qui organiserait le dialogue. Des consultations sont en cours concernant la composante de ce panel. Le pouvoir défend mordicus sa feuille de route qui repose sur l'organisation d'une élection présidentielle dans un délai très court afin, pense-t-il, de pouvoir mettre fin à la crise. Il estime que le temps presse et que chaque jour qui passe est une journée perdue pour le pays. Faire revenir l'Algérie à la normalité constitutionnelle avec un Président «bien élu», dans un processus «incontestable» est son objectif principal. Et il met tout son poids dans la balance pour la faire fléchir du côté de cette «solution» qu'il juge comme la «moins onéreuse» pour le pays. Ses arguments ? Il en avance plus d'un. La crise économique en serait un. Son règlement est vital et urgent. Mais il ne peut se faire dans le contexte de crise politique actuelle. Il faut donc, pour le pouvoir, solutionner le problème politique pour prendre en charge la crise économique profonde. Et de toutes les solutions mises sur la table, il considère que la tenue de l'élection présidentielle au plus vite est, pour le pouvoir, celle qui sied le mieux au contexte général du pays. La Constituante, défendue ardemment par des forces politiques de l'opposition, bien que jugée «légitime pour ceux qui la proposent», pourrait, aux yeux des décideurs, faire durer la crise et par conséquence minimiser les chances que le pays se relève de cette «situation extrêmement grave et sensible». Mais la marge de manœuvre des tenants du pouvoir reste malgré tout réduite. Il ne cache d'ailleurs pas sa hantise de voir se rééditer l'échec de la présidentielle du 4 juillet. Il ne peut, concède-t-il, se permettre de rater un autre rendez-vous avec la présidentielle – ce serait le troisième ratage du genre – sans compromettre toutes les chances de sortie de crise. Ainsi donc, les décideurs misent tout sur la réussite de ce retour à l'urne pour entamer – du moins l'espèrent-ils – la nouvelle année, 2020, avec un Président élu à la tête du pays. Pour crédibiliser sa démarche dont il dit avoir le souci, le pouvoir se refuse donc de jouer un quelconque rôle dans l'organisation des élections ainsi que l'a exprimé précédemment le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah. «Il est dans l'intérêt stratégique de l'Etat que ces élections ne soient pas contestées», estime le secrétaire général de la Présidence, Noureddine Ayadi, lors d'un échange mardi avec quelques titres de la presse nationale au palais d'El Mouradia. Le pouvoir veut donc endosser l'organisation de cette présidentielle à une «instance autonome» qui sera créée et mise en place selon le «vœu» et la «volonté» des acteurs politiques. Cette instance, proposée par le chef de l'Etat, sera donc le résultat du dialogue que le pouvoir espère amorcer rapidement. Pour ce faire, il s'attelle à créer «un consensus le plus large possible» en tablant sur les forces politiques déjà favorables au retour direct au processus électoral, avec bien évidemment des préalables et des exigences sur le plan organisationnel de ce futur rendez-vous électoral. La première étape est donc ce «panel» de dialogue, qui doit émaner de la société civile. Mais par quel automatisme ? Le pouvoir attend l'émergence de ce panel qui organiserait ce dialogue. Des consultations sont en cours actuellement par rapport à la composante de ce panel. On attend l'émergence d'une liste de personnalités que l'Etat devra cautionner. Pour aller vite, le pouvoir encourage certaines initiatives, comme celle du Front national pour le changement, de Abderrahmane Arar, qui a proposé 13 personnalités pouvant faire partie de ce panel. Mais sa démarche n'a pas eu le succès voulu, puisque des personnalités, comme Djamila Bouhired et Ahmed Taleb Ibrahimi, refusent de faire partie de ce panel. Cela ne décourage cependant pas le pouvoir qui maintient le processus tout en appelant à ne pas «surdimensionner» le rôle de ce panel qui sera celui de facilitation du dialogue. Ce dernier qu'il veut être de nature à rétablir la «confiance des citoyens». Quid des mesures d'apaisement réclamées par les forces politiques et la société civile pour s'engager dans un processus de dialogue ? Le pouvoir semble dire : «Venez d'abord au dialogue et posez ensuite vos préalables.» En face, le hirak, qui reste le moteur de la revendication pour le changement du système politique, n'a pas encore dit son dernier mot. Même s'il ne semble pas prêt à courir un quelconque risque de perdre cette chance de faire émerger une nouvelle Algérie démocratique.