L'économie algérienne a subi un choc frontal en juin 2014 sous la forme d'un effondrement significatif des prix du pétrole. Ce choc a entraîné une crise profonde du fait d'une absence de programme cohérent et global de réformes destiné à rétablir les grands équilibres macroéconomiques, relancer l'activité économique et moderniser la capacité de l'offre du pays. En effet, les autorités ont opté pour la solution du financement de la crise, à savoir la consommation des réserves internationales de change et les ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) pour faire face aux besoins du pays. Cela a permis de conserver une certaine stabilité sociale et de gagner du temps, mais cette approche à court terme a vite montré ses limites. Non sans surprise, la situation de l'économie nationale à fin 2018 reflète ces choix et s'est affaiblie de façon significative. La croissance est faible, l'inflation au-dessus de l'objectif de la Banque d'Algérie (4,3%), les comptes budgétaires et extérieurs fortement déficitaires, l'épargne budgétaire consommée en totalité, les réserves de change en chute libre (chutant de 235 milliards de dollars en 2014 à 88 milliards de dollars à fin décembre 2018) et le chômage en hausse, affectant de façon préoccupante la classe d'âge la plus productive (20-39 ans) et les femmes. Dans ce contexte difficile, et vu l'absence de perspectives, la population a demandé un changement de gouvernance politique et économique. La situation économique a continué à se détériorer et les principaux indicateurs réels, budgétaires et monétaires provisoires disponibles pour les 5 premiers mois de l'année 2019 le confirment. Si le pays continue sur ce trend, la situation économique et financière pourrait même devenir beaucoup plus difficile. Les effets de la crise économique vont s'accentuer en 2019 et davantage en 2020. En conséquence, le niveau de vie de la population devrait de nouveau fléchir. Il est donc vital de prendre la mesure des défis et dangers auxquels le pays fait face et d' y répondre la plus rapidement possible. Seul un véritable plan de réformes cohérentes permettra au pays de parier sur l'avenir et le remettre sur le sentier de la croissance durable saine et inclusive. Développements économiques et financiers à fin 2018 et premiers mois de 2019 La croissance déjà faible en 2014 (3%) a chuté fortement en 2017 pour se situer à 0,6% et a repris en 2018 pour atteindre 2,6%. Les moteurs de la croissance en 2018 sont l'agriculture, le BTP et les services. A contrario, l'indice de la production industrielle du secteur public national fait apparaître un léger recul de 0,4%. La croissance économique reste toutefois bien en deçà du trend moyen des dix dernières années (3,2 %) et en deçà du taux de croissance potentiel du pays (8%). En conséquence, le revenu par tête d'habitant a également chuté, passant de $ 5466, en 2014, à $ 4102, en 2017, avant de remonter légèrement à $ 4385, en 2018 (toutefois ce niveau reste inférieur à celui d'avant la crise de 2014). L'indice moyen des prix à la consommation pour Alger a atteint 4,3% à fin 2018, légèrement au-dessus de l'objectif de la Banque d'Algérie de 4%. Cet indice des prix reste relativement bas en raison de la part des produits alimentaires du panier dont les prix sont bloqués (12%), de la faiblesse des prix internationaux (les produits importés du panier représentent 26% du panier) et le faible glissement du dinar. Le déficit budgétaire (3,9 du PIB en 2017) s'est creusé en 2018 pour atteindre 7%, financé par un recours à l'endettement auprès de la Banque d'Algérie. Le Fonds de stabilisation est en grande partie consommé (avec un reliquat modeste de 305 milliards de dinars). Sur le plan monétaire, sans surprise, les avoirs extérieurs nets ont baissé de 16% par rapport à 2017. Pendant la même période, les crédits nets à l'état augmentaient de façon significative de 35%, tandis que les crédits à l'économie enregistraient une croissance de 12%. Le financement non conventionnel du Trésor a atteint 5556 milliards de dinars à fin 2018. Pendant cette année, la Banque d'Algérie a financé le déficit budgétaire à hauteur de 900 milliards de DA la dette publique pour un montant de 1052 milliards de DA et le Fonds national d'investissements à concurrence de 1419 milliards de DA. Le déficit de la balance des paiements a plus que doublé, passant de 4,4% du PIB en 2014, à 9,7% du PIB en 2018. Les réserves internationales de change ont baissé considérablement, passant de 235 milliards de dollars en 2014 à 88 milliards de dollars en fin d'exercice. La détérioration de cet indicateur reflète également l'absence de réformes et le financement de la crise. Cette approche à court terme ne manquera pas de mettre le pays en difficulté, alors que se profile à l'horizon une récession mondiale et que la balance des paiements reste structurellement déficitaire. La dette publique extérieure est passée de 307,5 millions de dollars en 2014 à 1176,5 millions de dollars en 2018. La dette publique intérieure a également enregistré une forte croissance passant de 1239 milliards de DA en 2014 à 7580 milliards de DA (dont 6227 milliards de DA de dette d'assainissement. La monnaie nationale s'est dépréciée de 29% entre 2014 et 2018 contribuant ainsi à la remontée de l'inflation (de 2,9% en 2014 à 4,3% en 2018). Le taux de change effectif réel (TCER) s'est déprécié de 8% au cours de la période. L'écart entre le taux de change officiel et le taux prévalant sur le marché parallèle est de 40%. Ce marché dual complique la gestion macroéconomique affaiblissant ainsi la compétitivité du pays. L'investissement direct étranger a chuté de 1,24 milliard de dollars en 2017 à 0,63 milliards de dollars en 2018. Indicateurs d'Emploi Préoccupants Les indicateurs d'emploi sont également préoccupants et reflètent d'une part la faiblesse de l'activité économique et d'autre part l'absence de politiques appropriées dans ce domaine. Le taux de chômage se situe à 11,7%. La croissance économique n'est pas suffisante pour absorber les flux annuels de demandeurs d'emploi (environ 160 000 – 200 000 par an) et dont la plupart sont des primo demandeurs et encore moins de réduire le stock de chômage (1 462 000 chômeurs). Les secteurs employant le plus de travailleurs demeurent le bâtiment et travaux publics et les services. Ces secteurs fournissent des emplois temporaires à faible revenu. La classe de chômeurs affectés les plus durement est la classe d'âge 20-39 ans, la force vive du pays. Le chômage des jeunes de 16-24 ans est de 29,1%. Le chômage des femmes très élevé et se situe à 19%. Le taux de participation est de 41,7 % en moyenne. Un taux faible en comparaison des autres pays qui se situe entre 55-75%. Un tel taux de participation est une forte contrainte sur toute politique de renforcement de la croissance économique. Les facteurs explicatifs sont nombreux, notamment la faiblesse ou absence des politiques du genre, de l'éducation et la structure des ménages qui sont des éléments déterminants dans le processus de décision des populations en âge de travail de rejoindre le marché du travail restent faibles ou sont absentes ; l'inexistence de programmes de gestion du marché du travail ainsi que des institutions et des facteurs non économiques qui jouent un rôle fondamental dans la décision d'une personne de trouver et/ou garder un emploi ; et la faiblesse des politiques relatives aux gardes d'enfants, de la famille, des systèmes de retraite et des autres mécanismes de transfert sociaux et de départ en retraite. Pour ce qui est des femmes, l'augmentation de leur taux de participation passe par une attention particulière à leur éducation, la fertilité et le mariage. Ces domaines demandent des efforts significatifs. Situation fragile au cours des 5 premiers mois de 2019 La croissance économique au cours du premier trimestre de 2019 a reculé légèrement de 0,8% par rapport au 1er trimestre de 2018 qui avait enregistré une croissance de 1,2% en termes réels. Le recul du secteur des hydrocarbures (-9,7%) n'a pas été compensé par les autres secteurs (2,6%). L'indice moyen des prix à la consommation pour Alger est en baisse pour se situer à 2,7 à fin mars 2019 et 1,99% à fin juin 2019. Cette décélération des prix au cours des 6 premiers mois de 2019 reflète la baisse des prix des produits alimentaires et des transports et communications et la faiblesse de l'inflation mondiale. Le solde budgétaire à fin mars 2019 (-992 milliards de DA ou 19,6 % du PIB trimestriel) s'est légèrement amélioré par rapport à celui de mars 2018 (-1276 milliards de DA ou 26% du PIB) en raison de meilleures recettes mais également d'une baisse des dépenses d'investissement. La situation monétaire au cours du 1er trimestre fait apparaître une faible augmentation de la masse monétaire en raison d'une baisse des avoirs extérieurs nets et d'une remontée des crédits intérieurs dont la part la plus importante revient à l'Etat. Le financement non conventionnel a atteint 6559 milliards de DA soit 56,5 milliards de dollars. Le déficit du compte courant de la balance des paiements s'est situé à 5,41 milliards de dollars par rapport à 4,33 milliards de dollars au 1 trimestre de 2018 (-7,70 milliards de dollars) du fait de la baisse des exportations d'hydrocarbures. Les réserves internationales de change ont baissé considérablement, passant de 235 milliards de dollars en 2014 à 68 milliards de dollars en mai 2019. La valeur moyenne de la monnaie nationale par rapport du dollar s'est dépréciée au cours du premier trimestre de 4% par rapport au premier trimestre de 2018. Le taux de change effectif réel (TCER) s'est déprécié de 8,5% au cours de la période. L'écart entre le taux de change officiel et le taux prévalant sur le marché parallèle est de 34%. Il est estimé que la valeur d'équilibre du dinar par rapport au dollar devrait se situer aux alentours de 140-145 DA. Contexte international et domestique et projections macroéconomiques à fin 2019 Contexte international Les risques majeurs pesant sur l'économie mondiale incluent les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, les limites des politiques monétaires super accommodantes dans les pays avancés, la forte volatilité des prix du pétrole (qui affectent les budgets et les balances des paiements des pays exportateurs de pétrole), les tensions géopolitiques multiples et touchent plusieurs régions du monde, dont le Moyen-Orient, l'Asie, l'Afrique et l'Europe (climat non favorable aux investissements et pouvant déclencher des sorties de capitaux à court terme préjudiciables entraînant plus de volatilité au niveau des marchés de change et des produits boursiers), l'incertitude politique et les marchés financiers euphoriques, la remontée des niveaux de dette publique et privée et le climat et les poussées récurrentes des migrations internationales qui se sont révélées déstabilisantes politiquement récemment. Sans une action concertée visant à améliorer la sécurité internationale, à soutenir les objectifs de développement durable et à résister au changement climatique et à ses effets, ce facteur risque peut avoir des conséquences négatives sur l'économie mondiale. Ces facteurs négatifs portent le risque d'un ralentissement à court terme de la croissance mondiale. Ce qui signifie que les autorités devraient se tenir prêtes à concevoir des politiques adéquates pour faire face aux nouveaux défis. Le contexte volatile mondial peut avoir des effets positifs et négatifs sur l'économie algérienne. Les canaux de transmission sont triples : nos exportations de pétrole qui peuvent être affectées négativement en cas de ralentissement de la demande mondiale ; (ii) nos importations de biens et services (moins coûteuses sur le marché international du fait de la baisse de la demande) qui pourraient augmenter en valeur en cas de dépréciation de notre monnaie nationale (en réaction à des exportations de 5 pétrole plus faibles) ; (iii) les taux d'intérêt mondiaux qui pourraient amoindrir notre capacité d'emprunts extérieurs mais en retour fournir de faibles rendements à nos placements de devises. Contexte domestique Le climat domestique, quant à lui, se caractérise non sans surprise depuis février 2019 par une forte demande sociale pour le changement économique et politiques vu la stagnation économique, le fort chômage des jeunes et des femmes et l'absence de perspectives à moyen terme. Dans l'intérim, le vide politique actuel et l'absence de gouvernement élu empêche toute mise en oeuvre d'une stratégie à moyen terme pour relancer l'économie du pays. Alors que la situation actuelle demande des réponses rapides. Projection macroéconomique à fin 2019 Compte tenu de l'environnement international et domestique et sur la base des données ci-dessous et en l'absence de mesures correctives – ce qui parait probable vu que nous entamons les 4 derniers mois de l'année – et en extrapolation des résultats du premier trimestre, la situation macroéconomique pourrait se détériorer davantage, avec une croissance économique qui pourrait reculer de 1,5% – 2% à fin 2019 ; une inflation qui continuerait à se sitier dans la fourchette des 4,5-5; un déficit budgétaire qui se creuserait pour atteindre 7,5 % du PIB ; (iv) un déficit du compte courant de la balance des paiements qui atteindrait 10 % du PIB ; des réserves internationales de change qui chuteraient à 38-42 milliards de dollars (les importations annuelles se situent en moyenne à 48 milliards de dollars). La baisse des réserves entraînera une dépréciation de la monnaie nationale dont la valeur pourrait chuter à 120-125 DA par dollar. Plan de sortie de crise Si on écarte l'option de gérer le statu quo uniquement ou celle qui consiste à se lancer dans des réformes populistes (deux options coûteuses à tous les niveaux), la seule alternative sérieuse pour sortir le pays de la crise économique et financière profonde qui perdure depuis 5 ans est donc de mettre en oeuvre et de façon rigoureuse un plan de réformes économiques et structurelles cohérent, global et progressif. Dans ce cas-là, la mise en place de ce plan implique la volonté politique d'engager des réformes ambitieuses mais incontournables dans un contexte social difficile, une capacité technique pour mener à terme un programme aussi complexe et la disponibilité de financements qui permettent une progressivité dans la mise en application des réformes. Plus les financements échappent au contrôle des autorités, plus l'ajustement pourrait être plus intense et circonscrits dans un horizon temporel plus serré. Les politiques publiques à mettre en œuvre doivent s'articuler autour de 3 grands axes complémentaires et cohérents : macroéconomique, structurel et sectoriel. Ces politiques doivent être mises en même temps dans le contexte d'un plan à moyen terme cohérent et global. Axe macroéconomique L'axe macroéconomique est crucial, car il a pour objectif d'assainir les fondamentaux économiques, Cet assainissement est incontournable. Il implique un budget sous contrôle, une inflation maîtrisée et un déficit de la balance des paiements raisonnable, éléments nécessaires pour favoriser l'investissement, ouvrir la voie à la croissance, créer des emplois et réduire les inégalités. Afin de repartir le fardeau de l'ajustement entre budget et monnaie et taux de change, le mix des politiques macroéconomiques est le suivant : Une consolidation budgétaire en cohérence avec la politique monétaire afin de préserver la croissance économique tout en contrôlant l'inflation. Au centre de ce mix bien entendu, la politique budgétaire jouera un rôle central. Il s'agira de procéder à une réduction progressive du déficit budgétaire, accompagnée d'une dépréciation du taux de change d'au moins 20 % (pour une meilleure gestion des ressources extérieures et de la demande globale) et d'une gestion rigoureuse de la liquidité créée par la monétisation du déficit budgétaire pour contenir l'inflation. Il ne s'agit pas de faire flotter le taux de change du dinar car cela entraînera une forte inflation et déclenchera une réponse monétaire procyclique (qui n'est pas adaptée aux défis de l'heure qui est de relancer la croissance). Ce mix est seul en mesure d'assurer la viabilité des finances publiques, créer les conditions d'une relance de la croissance et contrôler l'inflation. Sans ce volet, les réformes ne peuvent porter et faire une différence. Diverses options devront être envisagées pour le financement du déficit afin d'établir un équilibre entre le besoin de consolidation budgétaire et de préservation de la croissance. Il est clair que le financement monétaire va se poursuivre à charge pour les autorités de se donner les moyens de contenir les risques associés à ce genre de financement. Ces moyens pourraient inclure des limites quantitatives et temporelles strictes aux emprunts de la banque centrale, et le prix de ce financement aux taux du marché. La création d'argent devrait être adéquatement stérilisée. Par ailleurs, la BA devrait se tenir prête à ajuster le taux des réserves obligatoires. Alternativement au financement monétaire, les autorités pourraient émettre du papier public. Ce qui impliquerait la mise en place d'un marché obligataire souverain. Les mesures ci-dessus contribueraient à réduire l'impact négatif du financement monétaire sans en éliminer les risques budgétaires. Axe structurel Un axe structurel complémentaire et cohérent. Les réformes dans ce domaine doivent avoir un double objectif : (i) d'une part des réformes macro structurelles pour renforcer la qualité de la politique macroéconomique (réformes sur les recettes, les dépenses, le processus et cadre budgétaire pour réhabiliter le budget en tant qu' outil de le gestion macroéconomique, la politique monétaire, la politique de change et les statistiques macroéconomiques) ; et (ii) d'autres réformes générales pour relancer l'investissement privé productif, inclure les femmes dans le marché de l'emploi, améliorer l'accès au financement, mettre en place un système financier moderne et lutter contre la corruption pour rétablir la confiance de la population vis-à-vis des pouvoirs publics et s'approprier les réformes. Réformes macrostructurelles Budget : de façon générale, la politique budgétaire, en raison de la prépondérance du pétrole dans la composition des recettes et le financement des dépenses, est difficile à conduire et à contrôler. Il s'agira donc de renforcer la crédibilité et l'efficacité du CBMT et d'en faire un outil de gestion des finances publiques à moyen terme et mettre en place un cadre de dépenses à moyen terme. L'inclusion de projections pour 2020 et 2021 dans la loi de finances pour 2019 est une étape positive. Pour jouer le rôle crucial qui est le sien dans le processus de redressement du pays, il faut s'attaquer à 4 problèmes : (i) la viabilité des finances publiques compte tenu de la durée de vie des ressources pétrolières ; la mobilisation des recettes ; la restructuration des dépenses courantes ; l' amélioration des opérations d' investissements publics. Politique monétaire et de change Dans ce domaine il va falloir viser 3 objectifs : 1)- renforcer l'efficacité de la politique monétaire qui souffre de deux faiblesses majeures : (i) le blocage du canal de transmission (compliquant la gestion du niveau de liquidité et le développement du secteur financier) et rend le signal de la politique monétaire indéchiffrable ; (ii) la faible coordination entre la politique budgétaire et la politique monétaire ; (iii) l'absence de communication sur le rôle de la politique monétaire et des objectifs. Dans ce domaine, les réformes devront viser à améliorer la gestion des liquidités ; (2) prendre en charge le problème du marché des changes parallèle qui implique une approche globale visant la partie offre et demande (combat contre la fraude fiscale, assouplissement des plafonds indicatifs concernant les indemnités pour frais médicaux, les études et les voyages à l'étranger, diversification de l'offre de devises sur le marché interbancaire, revoir les exigences en matière de transfert des recettes d'exportation de produits hors hydrocarbures en devises, ouverture réelle des bureaux de change et des mesures pour augmenter le volume des transactions ; et (3) la supervision bancaire pour gérer les risques existants. Autres réformes structurelles Les autres réformes structurelles viseront à améliorer l'offre globale du pays. Elles devront avoir pour objectifs ce qui suit : (i) la simplification des formalités administratives et la transparence pour stimuler l'activité du secteur privé. Dans ce contexte, il va falloir renforcer les moyens des structures institutionnelles et juridiques qui protègent les droits contractuels et de propriété, améliorer la transparence et faciliter les procédures administratives ; (ii) Améliorer l'accès au financement. Des efforts sont nécessaires pour diversifier les sources de financement, notamment en développant des instruments financiers répondant aux besoins des PME et en mobilisant l'épargne privée. Ceci implique de moderniser le secteur bancaire, dominé par le secteur public ; (iii) créer un véritable esprit d'entreprise et de prise de risques au lieu de compter sur la demande publique pour ceux qui ont des connections politiques. Dans ce cadre, le respect des droits des créanciers, la simplification des procédures de faillite et le renforcement des procédures de résolution des prêts en souffrance sont importants. En outre, la suppression progressive des bonifications d'intérêts renforcerait l'attractivité des marchés des capitaux, limiterait les dépenses budgétaires et favoriserait une meilleure sélection des projets d'investissement ; (iv) promouvoir une plus grande inclusion des femmes sur le marché du travail. Axe sectoriel Un dernier axe sectoriel pour moderniser et diversifier l'économie algérienne en pariant sur l'économie verte et numérique avec pour objectif d'accroître la productivité et la valeur ajoutée. Un autre facteur en faveur des reformes est de renforcer sa résilience aux chocs extérieurs et intérieurs. Il s'agira de profiter du boom technologique du vert et du numérique. Deux voies qui permettront au pays de bénéficier du génie créateur de sa jeunesse. Conclusion Ce programme de réformes est celui qui prend à bras-le-corps les problèmes du pays, avec pour objectif stratégique de lancer les chantiers de la construction d'une économie hors pétrole et d'une base diversifiée d'exportations. Ces objectifs sont à moyen et long termes et vont demander la mise en place et le suivi rigoureux de politiques globales et cohérentes pour sortir graduellement le pays de la crise profonde dans lequel il est plongé. Ce programme fait un pari sérieux sur l'avenir et doit être pris en considération. Si nous ne conduisons pas nous-mêmes les réformes rapidement, alors que nous avons des ressources pour le faire, le pays se dirigera alors vers l'impasse. Dans ce cas, nous serions alors tôt ou tard contraints -faute de ressources- à nous plier au diktat des créanciers extérieurs.