Les étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou se mobilisent de nouveau pour réitérer leurs revendications politiques consistant en le départ du pouvoir en place, la libération des détenus d'opinion, l'arrêt des arrestations abusives et le rejet de l'élection présidentielle annoncée par les autorités pour le 12 décembre 2019. Ils étaient près d'un millier, hier, dans les rues du chef-lieu de wilaya, au milieu de la circulation automobile, empruntant l'itinéraire habituel allant du carrefour Matoub Lounès vers le monument des chouhada situé à proximité de la cour de justice et du commissariat central. Les rangs des marcheurs étaient renforcés par des militants de partis politiques démocratiques implantés dans la région (FFS, RCD, PT), des activistes du mouvement associatif, des membres locaux du Comité national pour la libération des détenus et des «habitués» des actions de rue du vendredi pour le changement du système, venus d'autres communes de la wilaya. Ce rappel des troupes a été précédé d'un rassemblement vers 10h devant l'entrée principale du campus de Hasnaoua, où des enceintes audio diffusaient des chants patriotiques, alors que des organisateurs haranguaient la foule à l'aide de mégaphones. Bien encadrée par les étudiants, la procession a sillonné les principales artères de la ville de Tizi Ouzou en scandant des slogans en faveur du hirak et contre les tenants du pouvoir. Une banderole déployée en tête du premier carré de la marche proclamait : «Non aux élections sans transition». Parmi les autres mots d'ordre de cette traditionnelle marche du mardi, «Pouvoir au peuple, l'armée dans les casernes», «Nouridou marhala intikalia walayssa intikamia» (Nous réclamons une transition démocratique, pas une transition de vengeance), «Pour un Etat civil et non militaire», «Ulach el vote ulach» (Pas d'élections), «La hiwar la chiwar, démission obligatoire» (Pas de dialogue, partez-tous), ou encore «Libérez l'Algérie», «Koul youm massira, maranach habssine» (Nous ne arrêterons pas, le combat continue), «Bedoui, Bensalah et Gaïd Salah, le peuple vous demande de démissionner». Les détenus du hirak n'ont pas été oubliés dans les slogans et les chants entonnés par les marcheurs tout au long de leur itinéraire, tels Karim Tabbou, l'une des icônes du mouvement citoyen du 22 février 2019, Lakhdar Bouregaâ et autres militants des partis politiques, activistes et manifestants pacifiques qui croupissent injustement dans les geôles. Les marcheurs se sont dispersés dans le calme vers 13h, après s'être regroupés sur la place de l'Olivier. Notons qu'une autre marche est prévue demain à Tigzirt pour «exiger la libération immédiate et sans condition de tout les détenus d'opinion, dont Amar Acherfouche, un enfant de Tigzirt», ont indiqué les organisateurs de cette action de protestation dans leur appel à la population.