Le Cours de la Révolution, la plus importante place publique de la wilaya, n'a pas désempli hier au 32e vendredi de contestation et les manifestants de Annaba ont maintenu leur position face à l'élection du 12 décembre : «Ni Tebboune ni Benflis, le peuple est le Président», «Pas d'élection avec la bande», «Pas de vote avec les habitués aux casse-croûtes». Cette fois, ils sont venus par milliers, des quatre coins de la wilaya, pour insister fermement sur le départ de tout le système en place qui veut se recycler à travers des vieilles figures, toutes rejetées par le peuple. Les protestataires ont brandi des pancartes, sur lesquelles on pouvait lire en majorité : «Allah Akbar, Karim Tabbou», «Pouvoir assassin», «Libérez nos frères détenus»… Devenues traditionnelles, les hostilités à l'encontre du chef d'état-major ont été également scandées à volonté par les manifestants. A Jijel, les slogans ont ciblé les élections et le chef d'état-major de l'armée. On comprendra que la rue rejette catégoriquement une élection avec Bensalah et Bedoui toujours en poste en scandant «Yetnahaw g3a !» (Ils dégageront tous), «Organisez des élections dans les casernes !» Benflis et Tebboune se retrouveront eux aussi dans le collimateur des manifestants qui leur diront : «Le président c'est ce peuple !» Gaïd Salah sera ciblé comme les semaines précédentes par les manifestants qui ont scandé : «Adalat etilifone, wal Gaïd wella feraoun !» (La justice du téléphone et Gaïd se prend pour un pharaon), «Ce peuple ne veut plus d'un pouvoir militaire !» Les marcheurs demanderont par ailleurs la libération des détenus d'opinion, dont les plus connus Tabbou, Boumala et Bouregâa. Pour leur part, les manifestants à Souk Ahras ont signifié leur refus de la reconduction des anciens responsables gouvernementaux avec comme seule alternative le changement radical à tous les niveaux de responsabilité. Les marcheurs n'ont pas fléchi depuis le premier vendredi du hirak et la feuille de route initiée par l'Etat est loin de les convaincre. Ils ont scandé en chœur «Benflis dégage» et exprimé tout leur refus de revoir ceux-là mêmes qui sont responsables de la dérive politique se porter candidats pour les prochaines élections. Les marcheurs ont invité deux représentants d'une chaîne privée à quitter les lieux : «Vous représentez une presse où l'Algérien ne peut pas se reconnaître !», «Vous êtes nés apprivoisés et aux ordres, quittez le hirak !»