Après la fermeture du portail du siège de la commune, les manifestants se sont regroupés devant le service de l'état civil avant de contraindre les employés chargés de la révision du fichier électoral à quitter leur bureau et sortir par la petite porte. Le rejet des élections du 12 décembre prochain prend de nouvelles formes à Boumerdès. L'autorité à Mohamed Charfi peine même à assurer la révision du fichier électoral. Cela a été constaté hier dans la commune des Issers, où des dizaines de citoyens ont pris d'assaut le siège de l'APC pour exiger l'annulation des prochaines élections. «Makach intikhabate ya el îssabate !», ont-ils scandé. Après la fermeture du portail du siège de la commune, les manifestants se sont regroupés devant le service de l'état civil avant de contraindre les employés chargés de la révision du fichier électoral à quitter leur bureau et sortir par la petite porte. «Où sont ces gens qui vont organiser la mascarade ? Ils veulent mettre un trafiquant notoire qui a détourné les indemnités des nécessiteux de la ville pour soi-disant assainir les listes électorales. C'est scandaleux. La fraude a commencé dès maintenant», s'écrie un jeune très engagé dans le hirak. Dans cette localité, la tension et la chasse aux larbins du système semblent s'accentuer au fil des jours. Un sexagénaire de la ville a déjà subi la vindicte populaire après la désignation de son fils, Mustapha Amine, comme membre de l'Autorité nationale indépendante pour les élections (ANIE). Le maintien des élections ouvre la voie à tous les dérapages. Jeudi dernier, de nombreux citoyens de la commune de Naciria ont «envahi» la mairie, en procédant à la fermeture du bureau de révision du fichier électoral. «Les traîtres n'ont pas de place dans notre commune. Le peuple ne veut pas d'élections qui vont consacrer un 5e mandat au régime de Bouteflika», enrage un citoyen. Là aussi, l'ANIE n'a pas pu installer la commission qui se chargera de la révision du fichier des électeurs. A moins qu'elle travaille en catimini dans un autre endroit. Si les choses se passent déjà ainsi, que dire alors de la suite de ce processus électoral. A Naciria, même si le P/APC ne s'est pas prononcé publiquement sur le sujet, la population l'a fait à sa place. «On ne veut pas d'élections. On veut le changement de tout le système et un nouveau départ pour l'Algérie», lance un militant associatif. Relayé sur les réseaux sociaux, ce qui est arrivé à Naciria et aux Issers pourrait aisément se produire et se généraliser à travers d'autres régions du pays.