«Les détenus sont devenus des otages, car, sur le plan de la loi, il n'y a aucun article qui justifie leur arrestation», a-t-il été souligné, hier, lors de la rencontre du CNLD à Tizi Ouzou. Le Comité national pour la libération des détenus du mouvement populaire maintient la pression sur le pouvoir. Il compte, d'ailleurs, interpeller les instances internationales sur les conditions de détention de ces prisonniers d'opinion qui croupissent dans les geôles du régime depuis plusieurs semaines. Hier, lors d'une rencontre organisée au siège de la fédération du FFS à Tizi Ouzou, Kaci Tansaout, coordinateur du CNLD, a mis l'accent sur le travail des avocats qui assurent la défense de 81 détenus du mouvement, incarcérés à la maison d'arrêt d'El Harrach. Cela, sans parler, a-t-il précisé, des prisonniers d'opinion qui se trouvent dans d'autres prisons à travers le pays. «Il y a plus de 300 avocats qui défendent ces prisonniers. Pour toute information sur la situation des détenus, les avocats restent la seule source fiable. Nous sommes en contact avec des Algériens en France, au Canada et aux USA pour internationaliser cette affaire», a-t-il déclaré. Intervenant dans le même ordre d'idées, Me Aissa Rahmoune, du collectif des avocats pour le changement et la dignité, a relevé l'impératif de saisir les ONG internationales, car, a-t-il soutenu, «il y a eu maltraitance et torture. Il faut que l'opinion internationale en soit témoin. La mission d'un avocat doit être pédagogique, technique et politique. Un avocat est un militant et défenseur des droits de l'homme». Samy Ould Ouali, enseignant universitaire et frère d'un détenu, a déclaré qu'il faut ressusciter l'espoir des prisonniers d'opinion. «Il faut aussi engager des actions coordonnées avec les collectifs de la diaspora», a-t-il suggéré à l'assistance. La saisine des instances internationales a été également proposée par Arezki Challal, porte-parole des familles des détenus, qui a estimé que celle-ci devient une nécessité. «C'est malheureux de voir ce qui se passe chez nous. C'est vraiment unique dans les annales de notre pays. Il y a beaucoup d'autres personnes qui ont été arrêtées, ces derniers jours, dont Abdelouhab Fersaoui du RAJ qui a été carrément kidnappé. Nous dénonçons cet état de fait, cette injustice et cet arbitraire. Moi aussi, j'ai été interpellé et embarqué dans un fourgon de police mercredi dernier. Avant, nous n'avions pas voulu internationaliser l'affaire, mais maintenant, nous nous réservons le droit de le faire», a-t-il martelé. «L'affaire s'est internationalisée d'elle-même», a laissé entendre Me Nabila Smail qui a ajouté que «les détenus sont devenus des otages, car sur le plan de la loi, il n'y a aucun article qui justifie leur arrestation. Maintenant, le pouvoir est passé aux arrestations ciblées, surtout avec l'interpellation, ces derniers jours, des membres du RAJ. Cette affaire est en train de mettre à nu un régime finissant. Des arrestations qui n'ont aucune base juridique. Les dossiers sont préfabriqués. Nous avons décidé, en tant que collectif d'avocats de défense de ces détenus, de boycotter l'instruction pour ne pas cautionner l'abus de procédure. L'avocat ne peut pas servir d'alibi à une violation de la loi». «Il y a une panique chez le régime. Il y a violation des conventions des droits de l'homme», a-t-elle clamé avant de revenir sur les conditions de détention des prisonniers d'opinion. «Il y a des inquiétudes sur les conditions de détention. Les détenus menacent de recourir à la grève de la faim s'il y a renouvellement de leur mandat d'arrêt le 23 octobre. Donc, j'invite les parents des détenus à dissuader leurs enfants d'entamer cette action», a-t-elle ajouté tout en informant l'assistance de la décision de l'Union nationale des barreaux d'une marche nationale des avocats pour le24 octobre. Me Seddik Mouhous a déclaré, pour sa part, que «ces jeunes qui croupissent dans les geôles du pouvoir n'ont pas commis de crime. Les chefs d'inculpation sont graves mais les faits ne le sont pas. C'est comme l'histoire de Louisa Hanoune, qui est convoquée comme témoin, puis devient accusée. Abdelouhab Fersaoui a été arrêté jeudi dans les mêmes circonstances que celles de l'interpellation de Karim Tabbou. Les conditions de détention des détenus sont déplorables. Il y a aussi un détenu, Chebili Smail, étudiant en 6e année de chirurgie dentaire à l'université de Tizi Ouzou, qui dort à même le sol». Me Yamina Allili estime que le pouvoir joue sur l'usure du mouvement mais, a-t-elle exhorté, la mobilisation citoyenne doit être maintenue.