La communauté nationale établie en France a renouvelé, hier, lors d'un imposant rassemblement à la place de la République (Paris) et à travers plusieurs autres manifestations dans les grandes villes françaises, son soutien indéfectible à la révolution du 22 Février, qui connaît un nouveau souffle à sa 34e semaine. Les membres de notre diaspora restent donc mobilisés pour contribuer à faire aboutir les revendications du hirak populaire. «On ne lâche rien !» scande à tue-tête dans un micro l'un des animateurs de l'agora parisienne, aussitôt suivi par les manifestants avec la même énergie. En plus de la désormais devise révolutionnaire «Yetnehaw ga3», on pouvait lire sur les banderoles et les pancartes brandies des slogans répétés au fil des mois et de plus en plus populaires, devenant une sorte de feuille de route citoyenne : «IIe République», «Etat civil et non militaire», «Pas de vote avec les gangs», «Libération sans condition des détenus d'opinion», «Instauration d'une période de transition», «Pour une Assemblée constituante souveraine», etc. Après la parenthèse de dimanche dernier, avec la marche célébrant le soulèvement du 5 Octobre 1988 et exprimant la solidarité de la diaspora avec les victimes de la répression dans notre pays, notamment les quelque 200 détenus d'opinion, le hirak version parisienne a renoué rapidement avec la forme d'un sit-in statique. Celui-ci a été divisé en plusieurs carrés et ateliers de discussions et d'échanges d'idées entre exilés, qui gardent toujours les yeux rivés sur leur terre natale. Les prises de parole, même avec leurs différences de ton et d'orientation idéologiques, portaient sur «le rêve de construire une Algérie certes unie et indivisible mais aussi, et surtout, plurielle sur les plans politique et culturel». Le principal sujet d'inquiétude du moment pour les intervenants, qu'ils partagent d'ailleurs avec le peuple algérien dans sa grande majorité, est la nouvelle loi sur les hydrocarbures. «Ba3ouha, leblad, ba3ouha !» (Ils ont vendu le pays), a retenti plusieurs fois, au moment où des centaines de contestataires lançaient le même cri de colère devant le siège du Parlement à Alger, qui devrait, sauf grand revirement, valider le texte après sa discussion au Conseil des ministres. Sur la même longueur d'onde de la mobilisation à l'intérieur du pays, les membres de la diaspora, particulièrement dans la région parisienne, continuent à s'auto-organiser et à mener des actions de sensibilisation destinées à la fois à l'opinion publique nationale et internationale. Dans ce cadre, d'ores et déjà, plusieurs collectifs citoyens et associatifs ont appelé les Algériens de France, et d'Europe en général, ainsi que les amis de l'Algérie à venir participer en force aux rassemblements commémoratifs des massacres du 17 Octobre 1961 (pont Saint- Michel à Paris) et une nouvelle marche à l'occasion de celui du 1er Novembre 1954 (place de la République, place de la Bastille). Ça va de soi, les deux événements auront lieu aux dates anniversaires.