Aujourd'hui, 36e vendredi de mobilisation pacifique, une marée humaine a déferlé sur les rues du centre de la capitale, pour réitérer sa position immuable : rejet total de la feuille de route des tenants du pouvoir, à commencer par l'élection prévue le 12 décembre. A 14h00, fin de la prière de vendredi, la manifestation s'est ébranlée à travers les grands axes du centre ville. A la rue Victor Hugo, des milliers de citoyens rassemblés depuis la matinée, entament la marche. Les cris d'« Alah Akbar » et des youyous emplissaient les lieux. Non loin de la rue Didouche Mourad, les manifestants ont fustigé le « pouvoir assassin ! », les généraux et tout le pouvoir, qualifié de « dictatorial », qui pèse de tout son poids pour maintenir sa mainmise sur le pays. Il n'a suffit que de quelques minutes pour constater l'ampleur de la mobilisation. Des milliers de personnes affluent sans discontinue vers la Grande poste. Une foule immense avance de la place du 1e mai vers la grande poste. Sur le chemin, le boulevard Amirouche ibre au rythme des slogans acerbes lancés contre le régime, plus particulièrement contre le chef d'état-major de l'armée Ahmed Gaid Salah. Les manifestants ont scandé : « 57 ans de pouvoir militaire ça suffit ! ». Cette 36e marche a été une réponse cinglante au chef de l'Etat par intérim, suite à sa déclaration faite hier lors du sommet de Sotchi, lorsqu' il a fait, devant le président russe Poutine, un exposé sur la situation du pays et où il a qualifié les manifestants de « quelques éléments ». Bref. Bensalah a été la cible de chants des plus virulents. « Une nation qui fait appel à d'autres nations pour résoudre un problème interne, montre sa faiblesse et renie sa propre indépendance », déclare un hirakiste au Speaker's corner, installé à Place Audin. Vers 17h00, le périmètre de la grande poste ne désemplissait pas. Une procession humaine affluait de partout, en particulier depuis la rue Asselah Hocine où les manifestants scandaient en chœur « Makach l'vote » ou encore « Ulach l'vote » (Pas de vote). Des messages qui annoncent le boycott massif de l'échéance présidentielle du 12 décembre prochain. En somme, l'insurrection populaire, qui a bouclé son huitième mois consécutif, n'est pas prête à capituler devant un pouvoir illégitime aux abois. Lors de ce 36e vendredi, des voix ont affirmé : « Nous continuerons notre révolution pacifique qui se nourrit des erreurs cumulées de ce pouvoir illégitime. Nous ne lâcherons rien…».