La tension monte au sein de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa. Le contexte actuel du mouvement populaire influe directement sur la vie universitaire, où étudiants et enseignants sont confrontés à un rectorat que l'on accuse de «mettre les bâtons dans les roues» aux organisations estudiantines et au collectif des travailleurs et enseignants de l'université de Béjaïa dans leurs démarches d'accompagnement du hirak. Afin de se réorganiser, des assemblées générales ont été tenues hier par les différents corps des travailleurs et des étudiants. Un rassemblement-débat a été également organisé devant le rectorat par les enseignants et les étudiants pour décider d'un mode d'action en soutien au mouvement populaire et aux détenus d'opinion et politiques. Ce regain de dynamisme à l'université a été grandement stimulé par le comportement du rectorat qui «ne cesse d'entraver les actions de la communauté universitaire», selon des enseignants. La goutte qui a fait déborder le vase est la fermeture, avant-hier, de l'amphithéâtre où une assemblée du collectif enseignants et ATS de l'université devait se tenir. Le même rectorat est accusé d'avoir tenté auparavant «d'empêcher» la participation de la communauté universitaire aux marches de mardi en programmant cette journée «sans consulter au préalable les enseignants», qui ont tout fait pour réaménager le programme pour pouvoir libérer tout le monde à l'occasion des marches. La communauté universitaire tient à ce que l'université joue pleinement son rôle aux côtés des autres franges de la société. L'heure est à la restructuration des organisations estudiantines, des enseignants et des travailleurs afin de redonner un nouveau souffle à la lutte dans ce secteur stratégique. Les entraves commises par le rectorat ont été dénoncées. «Recteur dégage, système dégage !», ont-ils scandé. Lors des débats, l'option d'aller vers une grève générale illimitée dans le secteur universitaire est sur toutes les lèvres. A travers cette action, la communauté universitaire se remobilise après une période de flottement, où la voix de l'étudiant a été moins audible depuis l'été, notamment lors des marches des mardis. Hier, un nombre impressionnant d'étudiants s'est massé sur le lieu du sit-in devant le rectorat au campus d'Aboudaou. Les amphithéâtres, les blocs d'enseignement et les bibliothèques ont été fermés au niveau des deux campus. Selon des étudiants, «la majorité est favorable pour la grève».