Des milliers d'étudiants de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa ont battu le pavé sur près de 10 kilomètres, hier, dans une marche de protestation qui les a conduits du campus d'Aboudaou vers celui de Targa Ouzemmour. Un imposant rassemblement a été tenu face aux portes fermées du rectorat où des étudiants et étudiantes ont laissé s'exprimer leur colère de ne pas être entendus par l'administration. Des déclarations «au vitriol» ont été lancées à l'encontre du rectorat et surtout du ministère de l'Enseignement supérieur, accusés de faire de l'université algérienne «un centre d'apprentissage des métiers». Une déclaration signée du comité pédagogique du campus d'Aboudaou –fraîchement constitué et dont on demande la reconnaissance comme seule représentant légitime des étudiants – a été distribuée. Elle porte une plateforme de revendications commune à tous les départements. On en retient essentiellement l'exigence de maintenir le système classique, d'augmenter le nombre de postes au concours de magistère, de permettre l'accès sans condition aux mastères 1 et 2 et de créer une école doctorale pour chaque département. Les étudiants revendiquent aussi un encadrement de qualité et plus de moyens à même de réduire la surcharge des groupes, dont ceux dépassant la quarantaine d'étudiants forment, avec d'autres, de grosses sections dont certaines sont contraintes de partager des salles de cours par manque d'amphithéâtres. Il est également revendiqué la construction d'un CHU, l'enrichissement de la bibliothèque centrale et l'accès libre et gratuit à l'école d'enseignement intensif de langues. Cette action de rue ponctue un mouvement de grève qui va s'accentuant. Après des arrêts de cours observés par une partie des étudiants, depuis mardi dernier, la grève paralyse complètement le campus d'Aboudaou, qui accueille près de 30 000 étudiants. Ce mouvement tend à toucher aussi le campus de Targa Ouzemmour où les étudiants s'attellent à mettre sur pied leurs comités pédagogiques.