Emouvant, plein d'émotions, le livre Secrets d'enfance », édité par les éditions du Losange, France, est un récit autobiographique d'une enfance, celle d'un homme qui se décrit comme un enfant du bled. Claude L'Hélaouet, car c'est de lui qu'il s'agit, âgé aujourd'hui de 69 ans, est un Français d'Algérie. En visite depuis quelques jours à El Milia, il a bien voulu se confier à El Watan. Son enfance, son adolescence et ses premiers pas d'homme, comme il aime à le dire, il les a vécus à El Milia, son village adoptif. Arrivé avec sa famille au mois de mai 1951 dans cette ville, son père était directeur de l'hôpital civil. En 1962, il quitte l'Algérie dans les conditions que tout le monde connaît. Claude L'Hélaouet décrit ce village, où il reste très connu, comme étant ancré dans son âme. En 2000, il commence le récit de son livre dans lequel il jette un regard sur les autres régions qu'il a connues, entraînant son lecteur à Constantine, Bellaâ, à Sétif, en passant par Mezloug, Kherrata, Djidjeli et Bougie (Béjaïa). D'abord, comment l'idée d'écrire un tel livre vous est-elle venue ? Dans ce livre, je voulais parler de mon pays, l'Algérie, bien évidemment. Je voulais aussi laisser pour héritage à mes enfants les souvenirs de ma vie en Algérie. Et puis, il y a des gens qui ont lu les premiers récits et qui ont trouvé que cela devrait plaire à beaucoup de monde si je les faisais éditer. Vous vous décrivez comme un enfant du bled… Oui, mon enfance je l'ai vécue en Algérie. Mes premiers pas d'homme je les ai faits essentiellement en Algérie, que cela paraît évident de me décrire comme un enfant du bled. Je ne me pose même pas de questions sur ce sujet, je suis Algérien, et d'ailleurs je ne vois pas de raisons pour qu'on ne me donne pas les papiers pour obtenir la nationalité algérienne. Vous l'avez demandée, cette nationalité ? C'est vrai que je n'ai pas demandé la nationalité, mais j'envisage d'engager des démarches dans ce sens. Et puis, au fond, l'attachement à un pays ne se limite pas à un papier, c'est le cœur, c'est l'imprégnation qu'on a de ce pays qui comptent le plus. Je suis très imprégné de la vie de mes frères, de ma patrie. Dans toutes les régions où j'ai vécues, j'ai des amis qui me témoignent les mêmes sentiments de fraternité. Comment avez-vous retrouvé votre village ? El Milia ? Mon village a beaucoup changé. Il y a des gens qui sont venus de l'extérieur pour des raisons qu'ont peut comprendre et qui ont fait d'El Milia pratiquement une ville. Avant, El Milia était un village, maintenant la surface habitée et habitable a augmenté, elle a été multipliée par cinq ou six fois depuis l'Indépendance. Mais les structures de certaines commodités laissent un peu à désirer, je suis par moment choqué. Cela dit, je suis ému par l'accueil et l'hospitalité qui m'ont été réservés à El Milia. Le cœur et la fraternité des gens qui m'ont accueilli chez eux sont le témoignage de l'esprit hospitalier des gens de mon village. Une hospitalité qu'on ne trouve pas en France. Ce qui vous a le plus attiré dans cette ville ? Je suis vraiment déçu par ces chantiers non terminés et les constructions inachevées. L'architecture engagée dans la ville laisse aussi à désirer. Je peux comprendre les difficultés, mais je pense qu'avec un peu d'effort on peut améliorer la situation. Je suis par contre, je tiens à le répéter, ému par l'accueil des gens d'El Milia. Quand je suis salué avec un : « Bienvenu chez toi ! », ceci n'a pas de prix.