Les étudiants de l'Université des Sciences et Technologies Houari Boumediène de Bab Ezzouar (USTHB) sont revenus à la charge en créant une nouvelle structure estudiantine dédiée au hirak. Il s'agit du «Rassemblement Estudiantin pour le Changement» (REC) qui a récemment vu le jour et qui tient, cependant, à préciser qu'il ne cherche ni à représenter l'ensemble des étudiants de l'USTHB ni à parler en leur nom. Les fondateurs de cette nouvelle structure sont des étudiants qui militaient ensemble et ont lancé la création de ce Rassemblement pour continuer leur combat en tant qu'organisation, avec un but et un objectif précis, celui de renforcer les rangs … «Nous étions nombreux à sortir chaque mardi et vendredi revendiquer le changement, mais nous n'étions que des groupes impulsifs. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes organisés en créant notre propre collectif», nous dit Samy Boukhalfa, un des militants du REC et étudiants fraîchement diplômé de la faculté de génie mécanique de l'USTHB. Le REC se dit ouvert à tous les étudiants ou les jeunes diplômés qui voudraient militer pour les mêmes causes portées par le hirak. Le jeune Boukhalfa nous explique que leur collectif cherche à créer un contenu politique, afin de proposer des idées et des solutions pour parer aux problèmes que rencontre l'Université algérienne, ainsi que le mouvement estudiantin. «Nous cherchons à nous organiser, à rassembler les militants sous une même bannière, à élargir nos interventions à tous les domaines et à contribuer activement à la résolutions des différentes problématiques que rencontre la communauté estudiantine, tout en faisant impliquer le plus d'étudiants possible», affirme le jeune étudiant. Il ajoute que le Rassemblement souhaite également «collaborer avec d'autres collectifs pour créer une force politique et servir d'exemple pour que le hirak s'organise à son tour et se dirige vers le changement». Le jeune militant affirme que lui et ses camarades sont partis du constat fait de la société algérienne vidée, selon lui, d'une réelle vie politique ou associative. «Notre pays connaît une crise sociale et politique assez forte, nécessitant la mobilisation de tous les citoyens qui aspirent au changement», souligne Samy Boukhalfa. Pour lui, plusieurs collectifs et comités estudiantins indépendants ont vu le jour depuis le début du mouvement populaire, mais «ces derniers n'ont pas fait long feu, en raison du manque d'expérience, des pressions exercées sur l'activité politique, notamment des conséquences de la grève qui a été organisée par les étudiants de l'université de Bab Ezzouar». C'est pourquoi le cofondateur du REC tient à préciser que l'un des principaux objectifs de ce Rassemblement est de fédérer dans un modèle horizontal l'ensemble des collectifs qui se revendiquent du hirak. «Nous sommes en contact avec les militants des autres facultés et universités, et nous avons appris qu'ils sont eux aussi en train de créer leurs propres collectifs», révèle le jeune étudiant. Le REC estime que le hirak est dynamique et jouit d'une «énergie brute» qu'il faudrait «canaliser pour le rendre efficace et obtenir des victoires concrètes». Selon les fondateur du Rassemblement, «il est vrai qu'une certaine baisse de mobilisation est à constater ces derniers temps, mais ceci s'explique par les attaques répétées et sournoises du régime et les répressions ciblées». Et d'ajouter : «Ce pouvoir essaie de détourner cette énergie, de la faire taire au lieu d'essayer de la comprendre et l'utiliser pour construire une nation forte.» Le REC estime que si le mouvement a su se maintenir jusqu'à présent, cela revient à la mobilisation des étudiants qui continuent de sortir chaque mardi et vendredi pour revendiquer le changement du système. «Certains étudiants ont sacrifié toute une année universitaire pour la cause du hirak. Grâce aux réseaux sociaux, nous restons attentifs à tout ce qui se passe dans le pays et nous pensons qu'en dotant le hirak d'un projet politique clair, le mouvement populaire gagnera en crédibilité et fera pencher le rapport de forces en faveur du peuple algérien», conclut le cofondateur du REC.