Alors que la Coupe du monde focalise toute l'attention du milieu du football, en coulisses, entraîneurs, dirigeants, joueurs et agents de tout poil s'affairent. Ici, on parle football bien sûr, mais surtout argent et plan de carrière. Mercato estival 2010, un marché de crise ? Tout d'abord quelques chiffres : en 2009 les clubs des 5 championnats majeurs (Angleterre, Italie, Espagne, Allemagne et France) ont dépensé plus de deux milliards d'euros dans le marché des transferts. Le championnat de Premier League anglaise a été le plus prodigue puisque près de 558 millions d'euros on été dépensés par les clubs d'outre-manche dans le but d'acheter de nouveaux joueurs. Le club le plus dépensier a été le Real de Madrid avec 257 millions d'euros investis sur quelques joueurs, le deuxième de ce classement est Manchester City dont le propriétaire, Sulaiman Al Fahim, est un richissime homme d'affaires émirati. Cette opulence contraste avec la crise économique qu'a connu l'Europe en 2009, prouvant que le marché du football de haut niveau, à l'image du marché du luxe, ne connaît pas la crise. Il existe cependant des inégalités entre les clubs face aux difficultés économiques : le football espagnol, par exemple, est en faillite. Avec une dette estimée a plus de 3,4 milliards d'euros, les clubs ibériques (à l'exception du Real et du Barça, tous deux bénéficiaires) sont obligés de vendre massivement et donc de s'appauvrir sportivement. Le manque de contrôle, en matière fiscale notamment, laisse libre cours à la folie des grandeurs des dirigeants de clubs de football qui mettent ainsi en péril des institutions dont dépendent économiquement beaucoup de personnes. Cette situation alarmante a donné lieu à une volonté politique de réformer ce système devenu fou. Michel Platini s'interrogeait ainsi sur le fait qu'en football, quand on achète une Ferrari sans avoir d'argent, « non seulement on ne va pas en prison, mais en plus, on peut avoir les plus belles filles avec la Ferrari ». Malheureusement, cet activisme politique se heurte aux lobbyisme effréné des plus grands clubs qui n'ont aucun intérêt à ce que ce système change. La Coupe du monde comme vitrine ? On constate généralement le ralentissement des transactions durant les compétitions internationales. Il arrive souvent que les sélectionneurs interdisent aux joueurs concernés par les rumeurs de transfert de les négocier afin de se concentrer sur la compétition et de mettre ainsi l'accent sur la cohésion du groupe. Dans ce système très concurrentiel, on peut imaginer que la Coupe du monde constitue une parenthèse enchantée, faite de fraternité entre les peuples et de saine compétition entre les nations. Il n'en est rien. Pour beaucoup de joueurs, il s'agit là d'une occasion unique de se faire remarquer par des clubs européens et d'accéder ainsi à l'eldorado. Parmi les exemples les plus connus de joueurs ayant signé un juteux contrat à l'issue de belles performances en Coupe du monde on peut citer Jay-Jay Okocha, fantasque milieu de terrain, transféré au Paris Saint-Germain pour une quinzaine de millions d'euros ; Chilavert, le gardien paraguayen tireur de coup franc ou encore Park Ji-sung, le virevoltant ailier de la Corée du Sud, demi-finaliste de la Coupe du monde 2002, qui a signé en Hollande. Le niveau des joueurs africains en baisse ? La première Coupe du monde africaine s'est soldée par une relative déception. Les nations habituellement fortes comme le Cameroun ou le Nigeria ont piteusement été éliminées alors que leur groupe paraissait abordable. La Côte d'Ivoire n'a pas réalisé l'exploit que beaucoup lui prédisaient. Pour la première fois dans un Mondial, le pays organisateur, l'Afrique du Sud, n'a pas réussi à passer les poules ; quand à l'Algérie, elle a eu le mérite de se battre mais elle n'a pas vaincu. Seul le Ghana, sans Essien, relève le niveau d'un football africain bien terne. Cependant, le vivier extraordinaire de l'Afrique lui assure toujours un réel intérêt auprès des recruteurs étrangers. Les observateurs avisés ne remettent ainsi pas en cause la qualité individuelle des joueurs africains, mais plutôt la discipline et le professionnalisme qui entourent ces sélections nationales. Problèmes qui ne sont pas propres aux équipes africaines (comme l'équipe de France) mais dont la résolution constitue un préalable nécessaire au rêve de voir un jour une sélection africaine sur le toit du monde.