La mort d'un Algérien dans la nuit de dimanche à lundi sous les coups sauvages d'un nouveau groupe de barbares n'aura pas suscité dans les médias les commentaires qu'il méritait. En d'autres cas dramatiques similaires, l'armada des commentateurs se serait mise en branle. Visiblement, le fait divers gêne l'aréopage politico-médiatique. L'affaire ne répond pas aux stéréotypes qui font que l'Arabe est l'agresseur, et pas l'agressé, malgré la réalité. Mohamed était Algérien. Agé d'une trentaine d'années, il demeurait à Orcy, en Seine-et-Marne, où il travaillait dans une imprimerie où ses camarades ont loué l'ouvrier et le camarade modèle. Un groupe de sauvages sans foi ni loi, un des ces nombreux groupes habituellement décriés par les médias, lui a ôté à la vie en le rouant de coups. Dimanche dernier, c'était l'heure des vacances pour lui et sa famille. A trois voitures, ils prennent l'autoroute. Là, par un regrettable accident, sa voiture et une Clio, avec à bord un jeune couple, entrent en légère collision, à proximité des Mureaux. Il est une heure du matin. On s'arrête pour le constat qu'exige Mohamed, tandis que les deux autres autos de la famille se garent sur la bande d'arrêt d'urgence attendant le règlement d'un banal incident. Sauf que la partie adverse refuse le constat, « fait pour les Français »… « Vous n'allez pas vous faire passer pour des Français ! » disent-ils. D'une petite explication, le ton monte devant l'impossibilité de clarifier les choses. Quelqu'un de la famille de Mohamed tente d'appeler la police, ce qui ne plaît pas aux agresseurs qui demandent le « renfort » de « camarades » de la proche cité des Mureaux. Plusieurs jeunes arrivent sur l'autoroute à bord de trois véhicules. Mohamed est littéralement lynché, et jeté de l'autre côté de la rambarde de sécurité, sans vie, devant sa mère et sa jeune femme choqués. « Un banal accrochage qui a dégénéré en tragédie », écrit le journal Le Monde qui cite la famille qui dénonce « un véritable massacre ». Pour un officier de police qui commente l'événement sur la radio RMC, « c'était totalement gratuit. Nous, de mémoire de policiers, on n'a jamais vu cela, d'autant qu'il ne s'agissait que de remplir un constat à l'amiable et que pour ces gens là, il n'y aucune place pour la discussion ». Plusieurs suspects ont été interpellés. Les médias qui stipendient depuis plusieurs mois, à juste titre, les bandes de barbares, vont-ils éclairer le public sur ce meurtre touchant cette fois-ci la communauté algérienne qui a réagi avec calme malgré sa vive émotion.