A peine une semaine après son examen par la Cour suprême, l'affaire liée aux activités immobilières de Kamel Chikhi, principal accusé dans le dossier des 701 kg de cocaïne, sera jugée demain par le tribunal de Sidi M'hamed, à Alger. Deux procureurs, le fils du président Abdelmadjid Tebboune, le fils de l'ex-wali de Relizane, l'ex-maire de Ben Aknoun, le chauffeur personnel de Abdelghani Hamel, ancien patron de la police, et Kamel Chikhi, vont comparaître pour plusieurs chefs d'inculpation. Principal accusé dans l'affaire des 701 kg de cocaïne saisis à Oran au mois de mai 2018, Kamel Chikhi comparaîtra demain devant le tribunal de Sidi M'hamed à Alger avec six autres prévenus, dont l'ex-procureur de Boudouaou et son adjoint, Khaled Tebboune, fils du Président, Abdelkader Benzahra, chauffeur personnel de Abdelghani Hamel, ancien patron de la police, Jalal Lemhel, fils de l'ex-wali de Relizane, et Yacine Benamer, ex-maire de Ben Aknoun. Ils doivent tous répondre de plusieurs chefs d'inculpation dont «trafic d'influence», «abus de fonction», «corruption» et «perception d'indus cadeaux». Les mis en cause sont poursuivis pour avoir utilisé leur fonction ou leur statut pour aider le magnat de l'immobilier à Alger. Des services qu'il aurait, selon l'enquête, monnayés soit avec de l'argent, soit en contrepartie de biens immobiliers. En tout état de cause, il est important de préciser que la programmation de ce dossier a été faite avec une grande célérité, après son examen par la Cour suprême. En effet, cette haute juridiction avait statué le 22 janvier dernier sur le pourvoi en cassation introduit par le procureur du tribunal de Sidi M'hamed contre la correctionnalisation par le juge d'instruction des faits reprochés aux prévenus. Elle a débouté le parquet et confirmé les conclusions du magistrat instructeur, puis renvoyé le jour même le dossier devant le tribunal qui, en une semaine, a fixé la date du procès. Ce qui est exceptionnel. Dans la pratique, les affaires qui reviennent de la Cour suprême restent un minimum de 20 jours, voire plus, avant qu'elles ne soient enrôlées. Il faut savoir que tous les mis en cause ont été identifiés sur les enregistrements vidéo, des caméras de surveillance que Kamel Chikhi avait installées dans ses bureaux. C'est le cas du procureur de Boudouaou et de son adjoint, auxquels l'enquête reproche d'avoir bénéficié de logements haut standing de la part de Chikhi, en déposant des montants symboliques, mais eux et leurs avocats persistent à rejeter les griefs, en expliquant que les montants déposés représentaient une avance pour l'acquisition d'un logement, retirée par la suite en raison des difficultés rencontrées dans l'obtention d'un crédit bancaire. Jalal Lemhel, fils de l'ancien wali de Relizane, et l'ex-maire de Ben Aknoun, Yacine Benamer, sont poursuivis, quant à eux, pour avoir aidé Kamel Chikhi à obtenir un permis de construire pour la réalisation d'un immeuble de 15 étages, alors qu'il est reproché à Khaled Tebboune d'avoir profité du statut de son père, en tant que ministre de l'Habitat à l'époque, pour l'aider à obtenir une assiette foncière destinée à un projet hôtelier, à l'est de la capitale, du côté de la mer. Quant à Abdelkader Benzahra, ancien chauffeur personnel de l'ex-patron de la police, les chefs d'inculpation dont il doit répondre sont liés à l'aide qu'il aurait apportée à Kamel Chikhi pour lui faciliter ses passages aux postes-frontières lors de ses voyages à l'étranger, mais aussi à d'autres services qu'il lui aurait rendus en contrepartie de cadeaux ou d'argent.