Les opérations se poursuivent et se ressemblent. Souvent des mouvements de protestation de familles qui affirment avoir été injustement exclues leur succèdent. Depuis le début de l'opération, en mars dernier, quelque 4500 familles sur les 12 000 annoncées ont été relogées, et à peine une centaine de recours ont été acceptés. Une neuvième opération est prévue pour aujourd'hui, à Chéraga, où les services de la wilaya ont jeté leur dévolu sur deux sites de bidonvilles : ferme Nezali et ex-Flamand, occupés par une quarantaine de familles. Ces opérations de relogement ne se sont pas déroulées sans incident : en plus des familles exclues, les bénéficiaires protestent contre la typologie du logement, souvent des F2. Hier encore, des affrontements ont opposé des familles « recalées » de Oued Koriche aux forces de l'ordre, qui ont violemment chargé les manifestants. Deux jours auparavant, au sud-est d'Alger, des familles ont protesté contre la manière « indécente » de les déplacer de leurs sites de bidonvilles dans des camions et de les « parquer » aux Eucalyptus, Baraki. Acculés, les services de la wilaya ont insisté, mardi après-midi, dans un communiqué laconique, sur la régularité de l'opération, tout en rappelant les critères (ne pas avoir bénéficié et avoir été recensé par les services communaux avant 2007). Il est à rappelé que les requérants ont « la possibilité de formuler des demandes de logement dans le cadre des différentes opérations ». La boîte de Pandore ouverte par Zerhouni et le wali d'Alger… Le point de départ des opérations a été les émeutes de Diar Echems, à El Madania, en octobre 2009, qui ont fait réagir en son temps l'ex-ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, qui avait annoncé le relogement des habitants. Les affrontements de Zaâtcha, un site de bidonvilles de la commune de Sidi M'hamed, quelques mois après, avaient fait réagir, cette fois, le wali d'Alger, Mohamed Kebir Addou, qui avait profité de l'ouverture de la session de l'Assemblée de wilaya (APW), en mars dernier, pour annoncer « un vaste programme de relogement ». « Plus de 10 000 logements seront distribués de mars à octobre. Ces opérations, qui s'étaleront dans le temps, feront suite à celles lancées depuis 2004. 13 800 familles ont été relogées dans le cadre du social et du LSP depuis cette date. 5000 logements sociaux ont été distribués dans le cadre des commissions de daïra », avait déclaré M. Addou devant des élus qui voyaient leur ordre du jour bousculé. Population concernée : les occupants de baraquements, des chalets, les résidants des vieux bâtiments, en plus de quelque habitants de La Casbah. « L'opération a concerné en premier le quartier de Diar El Kef où nous avons relogé en janvier 300 familles à Souidania. 50 000 logements sont en construction, dont 20 000 LSP », a-t-il expliqué. Ces opérations ont fait quelques heureux mais ont fait surtout grincer des dents « en haut lieu ». Des administrateurs et quelques élus locaux, approchés, déclarent ne pas comprendre la célérité de l'opération et le choix des bénéficiaires qui ne sont, pour la plupart, que des occupants de logements et rarement des demandeurs « désintéressés » ou des sinistrés des chalets. Le wali a affirmé que la violence ne résout pas tout et ne fait pas bénéficier de logement. La population d'Alger, où 200 000 demandes de logement sont enregistrés au niveau des communes, n'y croit pas trop : pour avoir un toit sur la tête, désespèrent-ils, mieux vaut construire, au mépris des lois de la République, une baraque !