Le deuxième procès du militant politique Karim Tabbou s'ouvrira aujourd'hui au tribunal du Koléa (Tipasa). «Il s'agit du procès de sa première arrestation», a précisé, hier, le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook. «Dans le but apparent de le museler et de faire un exemple, les autorités ont intenté à Tabbou, toujours pour délit d'expression, un autre procès qui s'ouvrira le 6 avril», a estimé, quant à elle, l'ONG Human Rights Watch dans un communiqué publié sur son site officiel, à la veille du procès du coordinateur national de l'Union démocratique et sociale, un parti politique non reconnu. «Tandis que plusieurs gouvernements à travers le monde libèrent des prisonniers pour réduire les risques de propagation du Covid-19 dans les prisons, l'Algérie continue d'incarcérer des dissidents comme Karim Tabbou, simplement parce qu'ils ont exprimé des opinions politiques», a fustigé Eric Goldstein, directeur Moyen-Orient et Afrique du Nord par intérim à HRW. Placé en détention une première fois le 12 septembre 2019, Karim Tabbou a été inculpé d'«atteinte au moral de l'armée» par un juge d'instruction du tribunal de Koléa. «L'accusation se fonde sur des propos tenus par Tabbou le 9 mai dans la ville de Kherrata, lors d'une conférence pendant laquelle il avait critiqué l'armée pour avoir excédé ses prérogatives constitutionnelles, selon son avocat Abderrahmane Salah», a rappelé HRW. Le tribunal a remis Tabbou en liberté le 25 septembre, dans l'attente de son procès. Mais il a été de nouveau arrêté le lendemain, et inculpé d'«incitation à la violence» et une nouvelle fois incarcéré. Figure de proue du hirak, Tabbou a été condamné à une année de prison, dont six mois ferme, et une amende de 50 000 DA, le 11 mars dernier. L'ONG HRW a dénoncé, par ailleurs, le procès en appel de Karim Tabbou programmé, à la surprise générale, à la cour de Ruisseau d'Alger, alors que les avocats de la défense n'étaient pas été informés. L'opposant politique a été condamné, en appel, à un an de prison ferme par le juge de cette cour. Avec cette condamnation, il ne sortira pas de prison demain et doit attendre encore 6 mois. «Tabbou n'aurait pas dû être jugé, d'emblée, pour ses propos. Le droit international garantit le droit à la critique pacifique de la légitimité des dirigeants et des institutions, y compris l'armée. Les Etats ne sont autorisés à sanctionner les discours que dans des circonstances étroitement définies, telles que l'incitation directe à la violence», a estimé l'ONG. En outre, le procès en appel de Tabbou «semble violer les principes fondamentaux d'un procès équitable, comme le prévoient, par exemple, les directives et principes sur le droit à un procès équitable et à l'assistance judiciaire en Afrique». «Alors que le hirak suspend ses manifestations pacifiques pour cause de pandémie, les autorités en profitent pour emprisonner l'un de ses dirigeants au terme d'un procès expéditif et inéquitable», a conclu Eric Goldstein.