«Je sais que la situation est très grave… elle n'est pas maîtrisée.» Ce sont les mots d'un jeune médecin au front, soignant des malades atteints de Covid-19 à l'EPH d'Aokas. Ce médecin, Dr Habib Bounouar, est bien au fait des difficultés qu'éprouvent ses collègues ainsi que les établissements de santé en général dans la prise en charge des nouveaux cas qui affluent presque quotidiennement dans les hôpitaux. Triste, se dit ce même praticien, et dépité, il s'adresse au Président de la République, lui demandant des moyens de protection pour se protéger et des équipements pour prendre en charge ses malades dans les meilleures conditions. Avec l'entrée en service de plusieurs annexes de l'institut pasteur d'Alger et d'autres laboratoires universitaires, pour le dépistage du Covid-19, les hôpitaux de la wilaya s'attendent à une forte affluence de cas positifs en plus des suspects qui doivent rester en observation sur place pendant plusieurs jours. Au bord de la saturation, les hôpitaux ont mobilisé tous les lits dont ils disposent et les praticiens se plaignent du manque de moyens comme les tenues intégrales, les masques et produits d'hygiène. Et cela se ressent aussi à travers les multiples appels des directions des établissements de santé à l'endroit des autorités pour qu'ils soient dotés de plus de personnel médical et paramédical. A l'EPH de Sidi Aïch on manque de tout. L'administration a dressé une longue liste des besoins sans lesquels l'établissement a fonctionné depuis des années. Le service de réanimation reste à équiper de fond en comble en appareils et en produits consommables. Le comble, même le papier toilette et l'eau sont indisponibles, si on croit la liste dressée par les pour cet établissement de santé. Un autre cri de détresse est venu de Kherrata, à une soixantaine de kilomètre au sud de Béjaïa. L'EPH exprime quant à lui un manque flagrant en personnel médical et paramédical et fait appel à des volontaires à la retraite pour affronter d'éventuelles arrivées en masse de nouveaux cas. La réponse de la wilaya dénote de l'absence de solution. L'administration se limite, dans ce cas précis, à répercuter l'appel des équipes médicales qui sont à pieds d'œuvre dans les centres de santé. Ainsi, la wilaya a initié l'élaboration d'une liste de volontaires capables de prêter main forte aux personnels en place dans les hôpitaux. Elle a lancé un appel aux médecins, paramédicaux et administratifs de la Santé à la retraite pour se rapprocher des établissements sanitaires et de laisser leurs coordonnées en prévision de leur convocation pour apporter leur aide aux médecins en exercice. «Un registre est ouvert au niveau de tous les établissements de santé de notre wilaya afin de permettre l'inscription des professionnels de la santé en retraite et même du personnel soignant exerçant à titre privé et parapublic comme un potentiel de ressources humaines de la réserve sanitaire», précise la cellule de communication de la wilaya. Elle ajoute que «les secouristes bénévoles peuvent aussi s'inscrire au niveau de la direction de la protection civile de la wilaya». L'Etat, à travers le wali, a lancé un appel aux opérateurs économiques pour participer à l'opération de renforcement des établissements de Santé de la wilaya en équipements médicaux nécessaires pour faire face à cette crise sanitaire actuelle. Fort heureusement, des entrepreneurs se sont manifestés en fournissant en début de ce mois six respirateurs de réanimation pendant qu'une clinique privée a mis à la disposition du secteur public ses appareils médicaux.