La décision de fermer les cafés, restaurants et autres activités et celle relative au confinement destinées à endiguer la propagation de la pandémie de Covid-19 sont nécessaires et totalement justifiées. Toutefois, une question reste posée : quelle est la solution pour les familles ne disposant pas de revenus durant cette crise sanitaire ? Si les fonctionnaires et certains salariés du public et du privé perçoivent leurs salaires, ce n'est pas le cas pour les millions d'autres travailleurs. Il s'agit le plus souvent d'employés précaires, non déclarés, sans aucune couverture sociale. Leur détresse est immense. Vendeurs de rue, restaurateurs, réparateurs, employés domestiques ou encore ouvriers : ils sont des millions à cesser de travailler, que ce soit le dans le secteur formel ou dans l'informel, pour subsister au jour le jour. Il en est de même pour les salariés des petites entreprises privées en arrêt d'activité qui ne sont pas à l'abri. Ils se sont retrouvés sans aucune ressource financière pour subsister. La mobilisation des associations pour venir au secours des plus vulnérables est à saluer, mais elle reste insuffisante. De larges pans de démunis, qui sont à présent dépendants des distributions de nourriture de la part des bénévoles et des bienfaiteurs, doivent bénéficier d'un outil de solidarité nationale. Payés à la journée, des ouvriers n'ont d'autre solution que de se résigner à attendre des aides alimentaires en espérant bénéficier d'un revenu de subsistance. Sans aucun doute, pour limiter l'explosion de la précarité, il faut réfléchir sérieusement et sereinement avant d'aller jusqu'au confinement total. Avec l'effondrement des cours du pétrole, la situation économique du pays est certes trop critique pour pouvoir venir aisément en aide à ces millions de familles vulnérables. Mais de plus en plus de voix alertent sur l'urgence d'instaurer un revenu de solidarité ou des aides financières pour apporter assistance aux familles vulnérables. Plusieurs pays ont adopté diverses formes de solidarité sociale qui peuvent être financées par la redistribution des profits tirés des ressources naturelles, par l'autofinancement par transfert des prestations existantes, la fusion du système d'aide sociale, la taxation foncière, l'impôt sur le patrimoine, ou encore par les taxes écologiques. D'autres voix plaident également pour l'octroi de denrées alimentaires et pour une prise en charge de la consommation d'eau et d'électricité des ménages en situation de détresse. S'il y a un large consensus sur la nécessité d'une solidarité nationale, il reste cependant beaucoup de questions : comment, en effet, consentir concrètement ces aides financières aux travailleurs du secteur informel et éviter les fraudes ? Cette situation appelle à un débat national pour instaurer un mécanisme de solidarité pour toutes celles et ceux qui se retrouvent sans revenus durant ce confinement. Il y a urgence : il faut agir vite car, pour beaucoup de nos compatriotes qui n'ont aucun revenu durant cette crise, à la menace virale s'ajoute le souci humanitaire immédiat à la subsistance.