Les travailleurs français devront travailler plus pour permettre «un sursaut économique» et le retour de la croissance à la sortie du confinement imposé par la pandémie de coronavirus depuis le 17 mars. «Il faudra bien se poser tôt ou tard la question du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise économique et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire», explique Geoffroy Roux de Bézieux, patron des patrons dans un entretien au Figaro. D'après le président du Medef, «c'est la création de richesses qui permettra d'augmenter l'assiette des impôts et donc les recettes, et ainsi de rembourser la dette accumulée pendant la crise». Pour sa part, la secrétaire d'Etat à l'Economie, Agnès Pannier-Runacher, a indiqué qu'«il faudra probablement travailler plus que nous ne l'avons fait avant» pour «rattraper» la perte d'activité induite par le confinement. «L'enjeu est de reprendre le travail plein pot», a-t-elle indiqué sur Franceinfo. Pour soutenir les entreprises face à l'impact de la pandémie sur l'économie, le gouvernement a mis en place un plan d'urgence à hauteur de 100 milliards d'euros. «L'enjeu est de donner de l'oxygène aux entreprises pour qu'elles survivent et passent le cap, mais derrière, il faudra mettre les bouchées doubles pour créer de la richesse collective», a ajouté la Secrétaire d'Etat à l'économie. La Gauche dénonce les vieilles recettes néolibérales. «Sur le plan de la récession économique qui s'annonce, je ne vois strictement rien venir, que les vieilles recettes. On a entendu le ministre Bruno Le Maire nous expliquer qu'il allait falloir relancer la machine avec cet objectif de croissance, travailler plus, mettre en pièces le code du travail», a réagi la députée insoumise Clémentine Autain dimanche matin sur France Inter. Et d'estimer que «cette crise doit être l'occasion de repenser intégralement notre modèle de développement». De son côté, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a critiqué sur France Info le fait d'«utiliser une crise sanitaire mondiale pour expliquer que ça va être l'occasion de rogner sur les droits des salariés». Un plan d'urgence de 100 milliards d'euros «L'impact économique, il est massif, il est très négatif, il est brutal et il va susciter en France comme partout dans le monde un choc économique que chacun imagine mais dont personne ne sait encore la totalité de l'impact», avait prévenu mercredi dernier le Premier Ministre Edouard Philippe. Pour soutenir les entreprises, le gouvernement va plus que doubler le plan d'urgence de 45 milliards d'euros annoncé le mois dernier. Il passera à 100 milliards d'euros, a annoncé Bruno Le Maire, intégrant donc plus de moyen pour le chômage partiel – 20 milliards au lieu de 8,5 milliards initialement provisionnés – et les reports de charges. Le fonds de solidarité créé pour les très petites entreprises voit lui sa dotation passer de 1 à 6 milliards d'euros, pour répondre à l'afflux de demandes et à l'assouplissement des conditions d'attribution. L'enveloppe de dépenses "exceptionnelles" pour la santé passe elle de 2 à 7 milliards d'euros, pour financer notamment les 4 milliards d'euros d'achats de matériels promis par Emmanuel Macron et la revalorisation des salaires des personnels soignants. Conséquence de cette récession et du renforcement des mesures de soutien, le déficit public va grimper à 7,6% du PIB et la dette publique exploser à 112% cette année. «Cette dette répond à un impératif: éviter les faillites d'entreprises et le naufrage de notre économie», a soutenu Bruno Le Maire. Concernant la relance de l'économie de l'après-confinement, le ministre de l'Economie indique avoir «engagé un travail avec toutes les filières» sur des «modalités de déconfinement pour chacune d'entre elles». Et d'ajouter que «le redressement économique sera long, difficile et coûteux». Paris / De notre bureau N. B. avec médias