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La pandémie a mis à nu les systèmes de protection sociale : La Covid-19, un signal d'alarme pour les futures crises
Publié dans El Watan le 01 - 06 - 2020

Après la crise économique qui s'est installée en Algérie depuis quelques années précisément depuis la chute drastique des cours du pétrole en 2014, la baisse de l'activité économique s'est accentuée en 2019 avec le climat de suspicion qui a marqué la scène politique au cours de cette période. Un climat qui n'a pas été sans conséquences sur le monde du travail avec la perte d'emplois dans plusieurs secteurs. Le manque à gagner en ressources financières enregistré par bon nombre d'entreprises a fini par entraîner les difficultés à travers les entités économiques que ce soit dans le secteur privé ou public.
Le fait en effet que les entreprises soient interconnectées a davantage fragilisé le monde des affaires et par ricochet celui du travail. Et voilà que la crise s'enfonce en cette période de crise sanitaire emportant avec elle de milliers d'emplois en Algérie et des millions de par le monde.
Certes, le bilan n'est pas encore dressé, mais la situation est alarmante. Il a fallu encore une fois l'intervention de l'Etat pour voler au secours des catégories professionnelles ayant perdu leurs sources de revenus. D'ailleurs, sur les 70 milliards de dinars (Mds Da) dédiés à la lutte contre la propagation de Covid-19, 20 Mds Da ont été consacrés selon le ministre des Finances, Abderahmane Raouia à l'indemnisation des travailleurs restés sans salaires durant la période de confinement, et ce, dans le cadre du projet de loi de finances complémentaire 2020 (PLFC). Si le pays disposait d'un système de sécurité sociale performant, le problème ne se serait pas posé avec cette ampleur.
Mécanismes de la CNAC négligés
«Nous avons négligé les mécanismes de protection sociale, voire les avons carrément démantelées, je pense à la Cnac (Caisse nationale d'assurance chômage) que je connais bien. Dans les années 2000, nous disposions d'un fleuron, et déjà en 2003, nous avions attiré l'attention du gouvernement sur la nécessité de transformer les statuts de la caisse pour les rapprocher d'un régime universel d'assurance chômage, car les statuts de l'époque étaient trop connotés par l'environnement du programme d'ajustement structurel et ne pouvaient donc pas répondre aux exigences de protection sociale que nécessitait un environnement de travail de plus en plus flexible», nous expliquait dans une récente interview à El Watan Mahrez Ait Belkacem à ce sujet. Une manière de souligner l'importance de se doter d'un système de sécurité sociale performant.
Et pourtant, ce ne sont pas les propositions qui ont manqué à cet effet. «J'ai personnellement préparé un rapport très documenté au gouvernement. Le gouvernement a fini par utiliser l'argent de la CNAC pour financer des projets loin d'être porteurs. Résultat : Aujourd'hui, la caisse n'est pas en mesure de faire face au tsunami social que nous prépare l'économie en pleine décrépitude et la crise sanitaire mondiale», estime M. Ait Belkacem. C'est dire que la CNAC aurait pu prendre en charge les conséquences sociales des fermetures d'entreprises, de l'arrêt de l'activité économique et la mise en chômage technique de milliers de travailleurs en cette phase critique de stress sanitaire.
55% de la population mondiale sans couverture sociale
La situation n'est pas propre à l'Algérie. Elle concerne plusieurs pays. Deux notes d'informations récentes de l'Organisation internationale du travail (OIT) publiées le 14 mai. Au total, selon les données de ces deux documents, 55% de la population mondiale – pas moins de quatre milliards de personnes – ne sont pas couverts par l'assurance sociale ou l'assistance sociale. A l'échelle mondiale, seuls 20% des chômeurs sont couverts par les allocations de chômage, et, dans certaines régions, la couverture est bien plus faible. «La crise du COVID-19 est un signal d'alarme.
Elle a montré que l'absence de protection sociale ne touche pas seulement les pauvres, elle dévoile également la vulnérabilité de ceux qui s'en sortent relativement bien, car les frais médicaux et la perte de revenus peuvent aisément réduire à néant des décennies de travail et d'épargne des familles», a déclaré Shahra Razavi. Un constat inquiétant qui montre l'ampleur des lacunes désastreuses dans la couverture de protection sociale des pays en développement.
Des lacunes que la situation sanitaire a dévoilées. «Les futures crises ne seront évitées que les pays parviennent à convertir leurs mesures ponctuelles de réponse à la crise en systèmes de protection sociale complets», avertit l'OIT selon laquelle les lacunes actuelles en matière de protection sociale pourraient compromettre les plans de relance, exposer des millions de personnes à la pauvreté et affecter la préparation mondiale à faire face à des crises similaires à l'avenir. Les documents par ailleurs font une analyse détaillée du rôle des mesures de protection sociale dans la lutte contre l'épidémie de la Covid-19 dans les pays en développement, notamment l'octroi de prestations de maladie pendant la crise.
Les documents de l'OIT analysent les mesures de réponse mises en place dans certains pays, y compris la suppression des obstacles financiers aux soins de santé de qualité, le renforcement de la sécurité du revenu, l'inclusion des travailleurs de l'économie informelle, la protection des revenus et des emplois, et l'amélioration de la protection sociale, de l'emploi et d'autres interventions. Ils relèvent de nombreuses lacunes et distorsions : «Si le virus ne fait pas de distinction entre riches et pauvres, ses effets sont très inégaux», indique d'ailleurs la note sur les réponses sociales dédiées à la crise ajoutant que la possibilité d'accéder à des soins de santé abordables et de qualité est devenue «une question de vie ou de mort».
La note met aussi en garde les responsables politiques pour qu'ils évitent de se focaliser uniquement sur la Covid-19 car cela pourrait réduire la disponibilité des systèmes de santé pour répondre à «d'autres maladies qui font des morts tous les jours». Concernant les conclusions de l'OIT sur les réponses et considérations politiques nationales dans le contexte du Covid-19, deux grands effets négatifs des lacunes en matière de prestations de maladie sont mis en exergue. Premièrement, ces déficits de protection peuvent forcer les personnes à aller travailler quand elles sont malades ou devraient s'auto confiner, augmentant ainsi le risque de contaminer d'autres personnes. Deuxièmement, la perte de revenu associée augmente le risque de pauvreté pour les travailleurs et leurs familles, ce qui pourrait avoir des répercussions durables, selon la même source.
Face à une telle situation, la note en question réclame l'adoption d'urgence de mesures de court terme pour combler les lacunes en matière de couverture et d'adéquation des prestations de maladie, en soulignant que cela présenterait un triple avantage. A savoir : soutenir la santé publique, prévenir la pauvreté et promouvoir les droits humains à la santé et à la sécurité sociale. Les mesures proposées incluent l'extension de la couverture de prestations de maladie à tous, en accordant une attention particulière aux femmes et aux hommes qui occupent des emplois atypiques ou informels, aux travailleurs indépendants, aux migrants et aux groupes vulnérables.
Les autres recommandations portent sur l'augmentation du niveau des prestations afin de garantir la sécurité du revenu, l'accélération du versement des prestations et l'élargissement du champ d'application des prestations afin d'intégrer des mesures de prévention, de diagnostic et de traitement, ainsi que le temps passé en confinement ou à s'occuper de malades à charge.
Ce sont donc comme c'est le cas à chaque crise (même si l'actuelle est inédite) les pays dotés de systèmes de protection sociale complets et robustes qui sont selon l'OIT dans une bien meilleure position pour faire face à une crise et pour s'en relever. D'où la nécessité de prendre des décisions au plus haut niveau. «Les responsables politiques doivent s'appuyer sur l'élan généré par la sensibilisation grandissante du public à l'importance de la protection sociale et à l'urgence d'y investir en tant que société, pour garantir la préparation aux futures crises », recommande à ce sujet la directrice du Département de la protection sociale de l'OIT. C'est là tout le travail qui reste à faire du côté des institutions de sécurité sociale qui sont mises aujourd'hui au défi d'établir rapidement des mesures d'appui à tous ceux qui ont perdu leurs emplois.
Nécessaire adaptation
Les travailleurs indépendants ne sont justement pas à écarter des plans d'urgence à adopter. Ce ne sont pas les inquiétudes qui manquent chez cette catégorie surtout chez les travailleurs indépendants du secteur informel, les indépendants et les travailleurs de l'économie des petits boulots qui ne disposent souvent pas d'une épargne suffisante pour combler l'absence de revenu même sur de courtes périodes. Il s'agit donc d'adapter des stratégies à même de combler les lacunes en matière de protection sociale. Ce que le groupe de la Banque Mondiale (BM) a également souligné. Car, même si des mesures ont déjà été prises, leur impact reste limité.
Faudrait-il rappeler dans ce sillage que 126 pays ont entamé ce travail et 505 mesures ont été mises en place à ce jour, selon la BM. Cependant, «la portée de ces programmes est encore limitée, et surtout là où ils sont le plus nécessaires», relève la Banque qui propose tout une artillerie de mesures.
A commencer par offrir des prestations sociales pour aider les populations à surmonter la pandémie. «Il est essentiel d'étendre les filets de protection sociale pour verser rapidement des allocations monétaires plus importantes aux bénéficiaires existants et en atteindre de nouveaux», recommande la BM dans une récente étude. «Les pays doivent également étendre les filets sociaux à certains groupes à risque, notamment les travailleurs des secteurs les plus touchés tels que le tourisme, afin de contrebalancer les pertes de salaire», suggère encore l'institution financière qui prévoit de débloquer jusqu'à 160 milliards de dollars au cours des 15 prochains mois en faveur d'interventions essentielles dans les pays les plus pauvres du monde.
Comme deuxième mesure, la BM plaide pour la préservation des moyens de subsistance en conservant ou en rétablissant les emplois. Avec l' augmentation significative du chômage et du sous-emploi , «les gouvernements devraient accorder des subventions ponctuelles aux petites entreprises afin d'éviter les faillites ou de faciliter la reprise d'activité après la crise, ainsi que des aides au secteur privé pour limiter les licenciements au strict minimum», préconise la BM, et ce, dans l'objectif d'atténuer les risques de chômage à court terme.
L'autre chapitre sur lequel il y a lieu d'intervenir est le renforcement des systèmes de protection sociale pour améliorer la préparation aux prochaines crises. «Une fois la pandémie passée, l'urgence sera d'améliorer les systèmes de protection sociale existants, de manière à les rendre plus réactifs à de futurs chocs.», appelle la BM , une recommandation qui va dans le même sens que celle de l'OIT.
Comment procéder dans ce cadre ? «Cela suppose de renforcer les dispositifs de versement des prestations pour venir en aide aux personnes vulnérables plus rapidement, plus efficacement et de manière plus transparente, tout en prévoyant la possibilité de les élargir en temps de crise.
Cela signifie également que des programmes d'inclusion économique doivent être mis en place pour veiller au renforcement de la résilience», explique la Banque à ce sujet. Ce sont autant de chantiers à mener en cette période de crise mais aussi dans les mois à venir, une fois, la situation stabilisée.
L'Algérie devrait s'y préparer et intégrer de l'avis des experts la réforme des systèmes de protection sociale dans le plan post-corona.

Par Samira Imadalou


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