Le système d'enseignement à distance, lancé dans plusieurs universités du pays, depuis le début de la période de confinement provoqué par le Covid-19, est décrié par des enseignants qui estiment que ce mode de formation ne peut, en aucun cas, remplacer l'enseignement traditionnel. Ainsi, lors de l'assemblée générale tenue, lundi, au campus de Hasnaoua (Université Mouloud Mammeri), à l'appel du CNESTO (Conseil national des enseignants du supérieur de Tizi Ouzou), les présents à cette rencontre ont mis l'accent sur les obstacles qui rendent l'enseignement en ligne, disent-ils, impossible, sans moyens nécessaires aussi bien pour les enseignants que pour les étudiants. « Mettre des cours en PDF sur une plate forme numérique ne peut pas être considéré comme de l'enseignement à distance. On ne peut pas évaluer un étudiant à base de ce qu'il a lu sur Internet », a lancé un intervenant qui souligne, par ailleurs, que l'enseignant n'a pas été associé par l'administration avant de lancer ce mode d'enseignement. Au niveau de notre faculté, nous n'avons pas encore terminé même les examens du premier semestre. Donc, il y a un retard terrible à rattraper. On ne peut pas, donc, mettre tout le monde dans le même panier. Même, à l'échelle nationale, il y a des spécificités pour chaque université. J'encadre des étudiants en master 2 qui n'ont pas de moyens pour travailler à distance. L'enseignant n'est pas formé pour assurer des cours à distance», fulmine un enseignant de philosophie. « Avant d'engager le télé-enseignement, l'administration doit discuter, au préalable, avec les enseignants sur la faisabilité de ce mode de formation », a ajouté un autre qui parle, en outre, des modules qui nécessitent des séances pratiques. « Est-ce qu'on peut faire des séances pratiques à distance. L'administration qui insiste sur les cours en ligne ne doit pas faire substituer le télé-enseignement à l'enseignement traditionnel », a précisé un enseignant d'architecture avant qu'un autre ne rebondisse sur le manque de moyens dont souffrent les enseignants et les étudiants pour la réussite de ce mode de formation. Dans le même sillage, un autre intervenant s'est interrogé sur le sort qui sera réservé aux vacataires qui mettent leurs cours sur la plateforme alors qu'ils sont rémunérés en fonction des heures d'animation pédagogique assurées. Il suggérera ensuite, aux présents, de rendre publique une lettre ouverte pour informer les étudiants de la situation et interpeller aussi les responsables concernés. « Notre conscience ne nous permet pas de faire une évaluation sur des cours que nous n'avons pas assurés dans un amphithéâtre. Le télé-enseignement en Algérien est une tromperie alors qu'ailleurs, il se fait à travers des visioconférences mais, pas à travers des cours mis en ligne . Aussi, je veux dire également qu'on ne peut pas faire soutenir les étudiants en juin, ni en septembre car, ils n'ont pas fait leur stage pratique », souligne-t-il tout en dénonçant les pressions exercées, dit-il, par l'administration. Par ailleurs, un enseignant du département d'anglais a expliqué que maintenant, unanimement, tous les présents à la l'assemblée générale voient que la poursuite de l'année universitaire doit se faire après le confinement provoqué par l'apparition du coronavirus. « Donc, nous devons, maintenant, penser à un plan pour la reprise surtout lorsqu'on sait qu'elle est fixée pour le 16 août », a –t-i fait savoir. Par ailleurs, rappelons que le CNESTO a contesté déjà le mode d'enseignement en ligne. «Les cours ne sont pas des lectures ou des récitations de polycopiés mais sont des enseignements adaptés in-situ, avec recours à de moult exemples, rappels et procédés pour expliciter, étayer et faciliter la compréhension du cours, du TD ou du TP par les étudiants, l'utilisation du tableau, la demande de prises de notes sur les points essentiels repris oralement,… Malgré tous les efforts de l'enseignant pour être compris, quelques questions lui sont souvent posées et il reprend (toujours oralement) l'explication d'une autre manière, de telle sorte à établir un meilleur discernement. Ces nouvelles explications profitent à tous les étudiants présents et aboutissent à la fin de la séance, à l'acquisition par l'étudiant d'un volume de connaissance mesurable par ce qu'on appelle crédit dans les canevas de chaque formation. Quant à la visioconférence, elle est hors de portée pour 99% des enseignants et des étudiants », avait-il été déjà expliqué dans l'une des déclarations rendues publique, début mai dernier, par le CNESTO qui ne compte pas céder, insistent ses membres, aux pressions exercées par l'administration sur les enseignants qui n'ont pas mis leurs cours sur la plate forme d'enseignement à distance de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou.