Les appréhensions des consommateurs quant au manque de pain et de lait durant le Ramadhan se sont avérées finalement fondées. En effet, ces deux produits de large consommation font cruellement défaut depuis le début du mois sacré. Les quelques boulangeries encore en activité ne produisent que des quantités insuffisantes, ce qui rend quasiment introuvable cette denrée à partir de 9h. Les patrons expliquent cette rareté par les problèmes que rencontre la corporation et pour lesquels les pouvoirs publics font la sourde oreille, disent-ils. « Je n'ai que deux ouvriers, car les jeunes d'aujourd'hui ne supportent pas ce métier qui se caractérise par sa pénibilité, surtout en été », nous dit un boulanger du centre de Chlef. Un autre met cette perturbation sur le compte des difficultés de gestion auxquelles font face les boulangers du fait de l'augmentation des frais d'exploitation. « Tout a augmenté (le loyer, l'électricité, le gaz, la farine), mais le prix de vente de la baguette est resté le même. Comment voulez-vous que les boulangeries fonctionnent normalement ? », s'interroge-t-il. Un autre produit stratégique, en l'occurrence le lait en sachet, a également disparu des étals des commerçants de la région. Les quelques livraisons effectuées à partir de la wilaya voisine (Aïn Defla) sont vite raflées par les consommateurs. Les distributeurs, ou ce qu'il en reste, pointent du doigt la laiterie publique des Arribs, dont les gestionnaires ont, selon leurs dires, majoré unilatéralement le prix du transport du lait. « Deux jours avant le début du Ramadhan, la direction de la laiterie nous a informés que le prix de la marchandise livrée jusqu'aux distributeurs est de 23,90 DA, en plus du droit de timbre qui peut atteindre jusqu'à 1000 DA par livraison. Cela a, bien entendu, réduit considérablement notre marge bénéficiaire, ce qui nous a poussés à suspendre nos approvisionnements, d'autant que nous n'avons pas les moyens appropriés pour effectuer nous-mêmes cette opération à partir des Arribs, dans la wilaya de Aïn Defla », déclare l'un d'eux, dépité. Les consommateurs, qui ont l'impression d'être livrés à eux-mêmes sans aucune assistance ni aide des autorités locales, s'en prennent aux pouvoirs publics qui affichent un silence étrange face à cette situation.