La déontologie médicale, et partant, le serment d'Hippocrate, ont été battus en brèche il y a quelques jours dans une clinique médicochirurgicale privée, quelque part dans l'Est algérien, lorsqu'une jeune fille, atteinte d'une anémie chronique sévère y a failli laisser la vie après avoir subi un acte opératoire. Issue d'une famille démunie, la patiente, âgée de 22 ans, souffrant d'un problème de vésicule, a « atterri » chez un chirurgien qui l'a orientée vers la clinique privée où il exerce. La malade, sans avoir reçu de sang, un acte indispensable, voire vital dans son cas, a été admise au bloc opératoire en contrepartie, bien évidemment, de la somme exigée, que sa famille, de très modeste condition, s'est débrouillée pour réunir. Une fois opérée, et après un bref séjour au bloc opératoire, la jeune fille, qui a entre-temps quitté la clinique, a été admise dans un hôpital public de la wilaya de Jijel pour une sévère hémolyse et des douleurs diffuses au niveau de l'abdomen et des membres, que les médecins imputent aux effets de l'anesthésie. À l'hôpital, la malade, avec un taux d'hémoglobine de 5g, a reçu deux poches de sang. Cette transfusion ne sera pas suffisante, néanmoins la malade, qui a continué à subir des hémolyses, a heureusement pu, quelques jours après, quitter l'hôpital après que son état s'est amélioré. Selon des médecins, les malades souffrant de pathologies chroniques liées à des déformations au niveau de l'hémoglobine, doivent impérativement subir un échange transfusionnel pour recevoir du sang du même phénotype avant tout acte opératoire, ce qui n'a pas été le cas pour cette patiente. Entre la vie d'un être humain et les 50 000 DA qu'un médecin exige pour un pareil acte, y a-t-il un choix à faire ? La question reste posée tant que ces pratiques, à l'encontre de toute déontologie, ne sont pas bannies de la médecine, laquelle est désormais guidée par des considérations purement mercantiles.