Jamais un officier de ce rang ni un responsable ayant occupé de hautes fonctions n'a été poursuivi en justice pour un tel chef d'inculpation. Le général Belksir et les deux autres mis en cause encourent donc la peine de mort. Le général à la retraite et ancien commandant de la gendarmerie nationale, Ghali Belksir, est officiellement accusé de «haute trahison». Le sulfureux général est donc rattrapé par une grosse affaire dans laquelle sont, pour le moment, impliqués et poursuivis deux militaires mis à la retraite, à savoir le secrétaire particulier du défunt général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, l'adjudant-chef Guermit Bounouira et le commandant Hichem Darouiche. Jamais un officier de ce rang ni un responsable ayant occupé de hautes fonctions n'a été poursuivi en justice pour un tel chef d'inculpation. Le général Belksir et les deux autres mis en cause encourent donc la peine de mort, conformément à l'article 63 du code pénal qui stipule que «tout coupable de trahison est puni de peine de mort». L'ancien commandant de la gendarmerie nationale, qui était l'un des hommes forts de l'appareil sécuritaire de ces trois dernières années, est en effet accusé de «possession d'informations et de documents secrets pour les remettre à des agents d'un pays étranger». Le communiqué du nouveau directeur de la justice militaire, le colonel Achour Bouguerra, ne précise pas la nature du mandat d'arrêt (national ou international) lancé contre le général Belksir. Mais selon les informations en circulation et jamais démenties, le général Belksir aurait quitté le pays quelques semaines après son limogeage le 24 juillet 2019 par Abdelkader Bensalah. Son épouse, Fatiha Boukhers, ex-présidente de la cour de Tipasa, l'aurait suivi dans son exil à l'étranger. C'est dire que ce général anticipait les événements en se planquant à l'étranger. Où se trouve-t-il aujourd'hui ? Certaines sources affirment qu'il serait installé dans le sud de l'Espagne. D'autres parlent des Emirats arabes unis. Peu importe, l'ancien commandant de la Gendarmerie nationale constitue aujourd'hui, pour reprendre le jargon sécuritaire, une «menace pour la sécurité nationale» qu'il faudra rapidement neutraliser, en ce sens qu'il est dans la nature, en fuite à l'étranger, avec «des informations et des documents secrets». Des documents qu'il pourrait monnayer contre un refuge politique, s'il ne l'a pas déjà fait. Le général Belksir aurait été gravement enfoncé par l'adjudant Guermit Bounouira, en détention à la prison militaire de Blida depuis qu'il a été arraché le 2 août de son «exil» turc par les éléments de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), sur ordre du chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune. Clé de voûte de cette grosse affaire de «haute trahison», l'adjudant-chef Guermit Bounouira aurait tout balancé. Si l'appareil politico-sécuritaire réussit à mettre la main sur le général Belksir, il faudrait donc s'attendre à de nouveaux développements dans cette affaire qui est loin d'avoir livré tous ses secrets. Beaucoup a été dit et écrit sur ce général qui a été nommé à la tête de la gendarmerie nationale le 4 juillet 2018 dans le sillage des vastes changements opérés dans différents corps de l'armée sous le règne de l'ex-chef d'état-major de l'ANP, le défunt Ahmed Gaïd Salah. On attribue, par exemple, à tort ou à raison, l'interdiction de l'étendard amazigh dans les marches du hirak ainsi que la fermeture des accès vers la capitale à Ghali Belksir. Tout récemment, c'est un autre ancien officier général de la gendarmerie nationale qui a gravement mis en cause Ghali Belksir. Il s'agit du général-major à la retraite et ancien DGSN Abdelghani Hamel. Ce dernier a, lors de son procès, formellement accusé «les généraux Belksir et Kamel Abderrahmane d'agir pour Zendjabil, ex-baron de la drogue».