Des 1500 petites et moyennes entreprises publiques et privées formant, durant les deux dernières décennies, le tissu industriel de Annaba, il n'en reste plus que 250. Qualifiée, durant la même époque, de véritable ruche avec ses quelque 50 000 ouvriers et cadres, la plateforme économique dans cette wilaya était menacée de disparition. Les trois grandes agglomérations industrielles formées par les zones industrielles Pont Bouchet, Meboudja, Berrahal et à un degré moindre le marché d'intérêt commun de Kherraza ne donnent plus que le parfait exemple de l'abandon et de la désolation. Il y a bien ces rares unités de production qui tentent de sauver les apparences, mais le cœur n'y est plus. Du poumon économique et social de toute la région s'étendant sur l'ensemble du territoire frontalier avec la Tunisie, il ne reste presque plus rien. Touché de plein fouet par la crise, ce poumon est asphyxié par un amas de ferrailles où s'entassent les illusions d'un eldorado que s'étaient fixé de créer les planificateurs de la politique économique nationale de l'époque. Pont Bouchet, Meboudja et Berrahal, ces trois zones industrielles, devaient servir, à partir de Annaba, de tremplin pour des opérations d'exportation algériennes hors hydrocarbure à destination de tous les continents. L'image qu'ils offrent aujourd'hui est celle d'une faillite généralisée d'une multitude de démarches économiques qui vont de la restructuration des entreprises à celle de la création des holdings, des sociétés de gestion des participations pour finalement revenir à des groupes de sociétés. « Les populations des régions du l'est du pays avaient été gâtées. Elles avaient bénéficié d'un apport social et économique conséquent avec pour résultat une bonne qualité de vie. Puis tout s'est écroulé comme un château de cartes. Dissolution, compression, licenciement, liquidation ont remplacé production, productivité, rentabilité. Résultat : cette dernière décennie, cet important potentiel de production est voué à la casse, car transformé en un tas de ferraille », souligne Ahmed Benfada, un ancien cadre mis à la retraite. Les 250 entreprises encore en activité représentent une lueur d'espoir pour l'ensemble de la région. Plus ou moins viables, elles sont spécialisées dans l'agroalimentaire, la transformation métallique, le plastique, le verre, le papier et les matériaux de construction. Elles occupent une assiette foncière estimée à 400 ha aménagés formant les quatre zones industrielles (ZI) de Annaba. La plus importante est celle de Berrahal (saturée à 86 %) réalisée en 1983 sur 121 ha composés de 82 lots principalement concentrés dans les parties nord et sud de la ligne ferroviaire. Le recensement des entreprises en activité réalisé par l'APC laisse ressortir que sur les 82 lots acquis par des promoteurs pour d'éventuels projets d'investissements, 15 sont toujours inoccupés. Le reste est occupé par 50 unités industrielles de statut public ou privé dont 28 sont en activité. La deuxième ZI est Pont Bouchet (saturée à 100%). Elle s'étale sur 116 ha. C'est sur cette ZI qu'ont été concentrées les plus grosses entreprises de transformation et de bâtiment. Aujourd'hui, elles ne sont plus qu'un tas de ferraille. Ce qui aurait intéressé une entreprise de récupération étrangère à s'y implanter. Les ZI de Meboudja et Kherraza, respectivement de 63 et 53 ha, sont particulièrement ciblées par des entreprises de petite envergure, telle la mécanique de précision. Quatre autres zones d'activité - Sidi Salem, El Hadjar, Aïn Berda et El Eulma - occupent une assiette foncière estimée à une trentaine d'hectares. Le secteur des mines est une autre potentialité sous-développée. Selon des sources proches de la wilaya, Annaba dispose de six carrières pour la plupart en exploitation implantées à Chetaïbi, Aïn Barbar et Kef Bouacida. Des dizaines de permis de recherche ont été délivrées à des entrepreneurs nationaux au niveau des zones de Kherraza et le nord numidique pour l'extraction du fer, de pouzzolane, d'or, d'argile, de dolomite, de cuivre et de zinc. Pour ce qui est des sites de Oued El Aneb et de l'Edough, 17 titres miniers ont été accordés. Des raisons sécuritaires et autres contraintes d'ordre technique et institutionnel avaient entraîné leur mise à l'arrêt. Avec l'amélioration de la situation et la mise en application du programme de relance économique, huit d'entre elles ont repris leurs activités dans la production des agrégats pour satisfaire à peine 30% des besoins de la wilaya. Des mises en demeure auraient été adressées à des sociétés bénéficiaires de titres, mais qui n'exploitent pas. Ces sociétés auraient fait l'objet de décision d'annulation de leur titre ou d'autorisation d'exploitation.