C'est incontestablement un phénomène qui s'est enraciné dans le milieu urbain à Constantine et ses environs, au point de s'adapter à toutes les mesures et à toutes les opérations de lutte menées par les pouvoirs publics, sans pour autant avoir raison de ces centaines de jeunes qui redoublent d'ingéniosité pour contourner toutes les interdictions. Après des mois d'arrêt à cause des mesures de confinement et d'interdiction des activités commerciales suite à la pandémie du coronavirus, le commerce informel revient en force pour reconquérir ses fiefs au centre-ville, avec toutefois une différence apparente, en dépit de tous les risques de contamination en cette crise sanitaire. Face à la présence des agents de l'ordre sur les principales artères de la ville pour empêcher tout redéploiement des vendeurs à la sauvette et assurer la fluidité et la sécurité de la circulation piétonne, ces derniers ont trouvé la parade pour s'installer dans les rues adjacentes. C'est le cas des rues Hamlaoui, débouchant de la rue Didouche Mourad, et qui s'étend depuis la rue Meriem Bouattoura menant vers La Casbah, jusqu'à la rue Larbi Ben M'hidi. On citera également les rues situées dans le périmètre de cette dernière, comme les rues Abdellah Bey, Sellahi Tahar, et Benrachi, comme aussi celles menant vers le quartier phare de R'cif à travers les rues Marouf, Bouali Saïd, Hadj Aïssa et Kedid Salah, où le moindre mètre carré est exploité. Toutes ces ruelles débouchent inévitablement vers le quartier mythique de Souika où les flâneurs ont choisi leur destination pour de bonnes affaires, sachant que tous les produits proposés ne sont pas forcément de bonne qualité, car il s'agit d'un ramassis d'articles importés de Chine, de Turquie et même d'Inde. Mais le commerce informel à Constantine, ce n'est pas uniquement le centre-ville. Dans les cités périphériques, il y a de vrais bastions où même les services de sécurité interviennent rarement, sauf pour libérer la voie publique, comme c'est le cas pour le rond-point Brasilia à la cité Daksi. Un haut lieu des activités échappant à tout contrôle. Sinon, dans la cité populaire Frères Abbes plus connue par Oued El Had, les vendeurs informels agissent toujours en terrain conquis allant même jusqu'à squatter, en toute impunité, tous les espaces publics, trottoirs, chaussées et même le rond-point transformé en un immense parking. Avec la permissivité des autorités, cette anarchie a même gagné les extensions tentaculaires de la cité El Bir, devenue un véritable point noir pour la circulation. La contagion a atteint son pic à la nouvelle ville Ali Mendjeli où la loi du plus fort est toujours la meilleure, avec la même situation dans certaines communes comme El Khroub, Hamma Bouziane et Didouche Mourad où la démographie et l'urbanisation rapide ont fait exploser les besoins de la population. Face à ce phénomène qui a la peau dure, mais qui fait perdre d'énormes recettes fiscales à l'Etat, ce dernier, qui a perdu toute autorité, ne fait que gérer une situation qui n'est autre que le résultat de plusieurs décennies de laisser-aller. Advertisements