– Un Comité national des victimes (CNV) de la révolution du 22 Février 2019 a été créé en décembre dernier. Pourriez-vous nous en dire davantage ? Ce comité a été créé en vue de recenser au niveau national tous les blessés ayant perdu l'usage de l'œil, suite aux affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, lors des dernières élections présidentielles (2019). Dès sa création, le 23 décembre 2020, le comité a pris position contre l'oubli des victimes, ayant subi des préjudices pour la construction d'une Algérie libre et indépendante, et l'instauration d'un Etat de droit. S'agissant du mode de fonctionnement de ce Comité national des victimes, ce dernier est structuré de la manière suivante : les victimes qui sont des membres à part entière et les accompagnateurs composés d'avocats, experts médecins, psychologues, journalistes, militants. Grâce à leurs domaines de compétence, ces derniers assisteront les victimes durant leur réhabilitation. L'assistance de ces accompagnateurs est bénévole. Le comité a été fondé pour soutenir les blessés ainsi que leurs familles : il s'agit d'abord d'élaborer et de mettre à jour une liste nationale des victimes de la révolution populaire du 22 Février 2019, et de leur assurer une prise en charge médicale jusqu'à leur réhabilitation. Il est à préciser qu'on a veillé de près sur la définition du mot «victime», pour éviter toute situation qui prête à équivoque. On a à cet effet inscrit le principe de victime pour l'Algérie dans la conception du présent comité et on a mis l'accent sur le lien entre la victime, le préjudice subi et la révolution du 22 Février 2019. Le principe de victime pour l'Algérie vient pour revendiquer le rattachement entre le préjudice subi par la victime et le projet de construction d'une Algérie libre et indépendante. Par conséquent, toute victime qui se manifeste durant cette noble révolution, son dossier sera étudié, avec soin et précision, pour justement situer le rapprochement. – Des plaintes ont été déposées par les victimes au niveau des tribunaux. On croit savoir qu'elles ont été entendues. A ce jour, aucune suite n'a été donnée à ces plaintes. Qu'en est-il au juste ? Des plaintes ont effectivement été déposées, le suivi se fait, des victimes ont été déjà convoquées, dont Dib Rabah, qui a été orienté par le tribunal de Bouira pour une expertise. Les enquêtes ouvertes par les tribunaux se déroulent selon le processus judiciaire normal. Pour le moment, la plainte est une procédure de base jusqu'à obtention d'un renvoi devant le tribunal. La victime aura ainsi la qualité de partie civile devant le juge pénal, et peut le cas échéant formuler ses demandes par l'intermédiaire de ses avocats. Le juge pénal devra alors citer l'agent judiciaire du Trésor, en sa qualité de représentant de cette institution à l'effet d'indemniser la victime. Dans le cas où la plainte s'avère sans suite, et classée, nous allons opter pour une autre procédure en matière administrative, cette dernière consiste à saisir le juge administratif pour mettre en avant la théorie de la responsabilité sans faute. Cela veut dire que le juge qui sera saisi va s'intéresser de près à l'organe principal responsable pour le condamner à réparer la victime. – En plus des plaintes devant les tribunaux compétents, votre comité s'est adressé au ministère de la Solidarité. Ce dernier a-t-il répondu favorablement à vos demandes ? Les demandes adressées par les victimes au ministère de la Solidarité ont été reçues avec accusé de réception (prise en charge médicale et octroi d'une pension de cécité). Nous sommes optimistes quant à la réponse qui sera réservée à nos demandes. Advertisements