L'Etablissement hospitalier spécialisé de Oued Athmenia (EHS), communément appelé hôpital psychiatrique, s'est forgé au gré des années passées une réputation valorisante qui détone sur d'anciens préjugés faisant de cette institution sanitaire un véritable « trou » de fous dangereux aux mines patibulaires qui suscitent une peur bleue chez les visiteurs les plus impavides. Mieux encore, le calme et la sérénité sont plutôt de mise pour un établissement dont les capacités d'accueil optimales sont de l'ordre de 240 patients qu'on désigne péjorativement sous les vocables de « fous » ou de « malades mentaux », mais qui réellement en abrite 310 dont 100 lits pour femmes. La convivialité et la paix sont saisissantes tant dans l'imposant bâtiment de 3 étages où se côtoie cette communauté cosmopolite de « marginaux » que dans l'immense cour de l'établissement impeccablement entretenue : carrés de verdure, arbres décoratifs et bitumage cohérent. L'EHS s'est forgé une notoriété raidissante à l'échelle régionale dès lors qu'il coiffe 17 wilayas en matière de placements judiciaires, outre les placements administratifs et ceux en « cure libre », nous confie son premier responsable Mohamed Tahar Chettouh. Et de renchérir : « Si secret il y a à cet état de grâce, il serait intimement lié à ce souci permanent d'amélioration de la prestation de service à l'endroit des malades, l'adéquation de la prise en charge, ainsi que la disponibilité permanente, le dévouement et la maturité du personnel médical et infirmier. » L'organigramme de l'établissement est fondé sur 355 agents (tous corps confondus), dont 30 % de vacataires, ce qui représente à peine la moitié de l'effectif en comparaison avec l'EHS régional de Lyon (France) qui emploie 700 employés pour 240 malades. Les prestations médicales sont assurées par 10 médecins spécialistes, secondés par autant de médecins généralistes. Cela dit, et en dépit de ces quelques restrictions, la mise en place d'une gestion réfléchie à l'orée de l'année 2000, assortie d'une sacrée dose d'abnégation, d'humanisme et d'intégrité morale du personnel infirmier et médical, s'est avérée payante, selon notre interlocuteur. En tout état de cause, la convivialité et la tranquillité régnantes agissent en coupe-feu à de lointaines scènes d'hystérie où des fous furieux déambulaient dans tous les sens et semaient la panique sur leur passage. Toujours selon les dires du premier responsable de l'EHS, le talon d'Achille de cette dynamique prometteuse, pourrait bien être le déficit en infirmiers par rapport au nombre croissant des patients, soit un infirmier pour l'encadrement de 14 malades. L'impératif de construction de nouveaux pavillons afin que l'établissement soit aligné sur les normes mondialement admises contribuera au bien-être des malades. Et ce n'est que justice rendue si l'EHS d'Oued Athmenia a obtenu un satisfecit du ministère de la Santé sous forme d'une enveloppe financière destinée au développement et à la création d'activités de détente et de loisirs au profit des malades. Le taux de réinsertion sociale appréciable s'en trouve conforté avec la mise en service de branches médicales, telles l'ergothérapie, l'ergonomie et la mise en service de la spécialité psychiatrie au niveau des urgences médicales de l'établissement qui accueille entre 1500 et 1600 patients par an pour une hospitalisation dont le séjour varie entre 2 et 6 mois. L'organisation interne de l'EHS c'est une hygiène parfaite, une alimentation adéquate, le renouvellement annuel de la literie, la désinfection ainsi que l'aménagement périodique des différents services et pavillons. L'humanisme, la tolérance et la générosité de tout un chacun envers ces êtres fragilisés ont concouru à donner un statut autrement plus attrayant et séduisant à l'hôpital psychiatrique qui, autrefois, ne payait pas de mine.