La tranquillité et l'organisation sont plutôt de mise au sein des pavillons de l'hôpital psychiatrique, battant ainsi en brèche d'anciens préjugés selon lesquels ces êtres fragilisés que la déraison humaine affuble de fous furieux y sèmeraient la panique et que de ce fait il n'était pas indiqué de s'y introduire de peur de subir des agressions physiques aux conséquences imprévisibles. Il est bien révolu le temps où des malades hystériques fuguaient, parfois à l'insu de leurs anges gardiens (infirmiers et préposés à la sécurité). L'établissement hospitalier spécialisé (EHS), nous indique son directeur, M. Mohamed Tahar Chettouh, offre à ses pensionnaires une capacité optimale de 313 lits et 30 lits organisés pour les femmes selon les normes de l'hygiène, l'alimentation et la qualité de la prise en charge en matière de soins. Si le budget de fonctionnement a été revu à la hausse, passant de 9,7 milliards en 2000 à 17,8 milliards en 2006, c'est qu'en aval la demande en soins est exponentielle incluant des charges d'exploitations autrement plus conséquentes. Au chapitre des placements judiciaires, l'EHS assure la prise en charge aux malades venant de 17 wilayas, outre les wilayas de Mila et Khenchela pour les cures libres et est en partenariat avec 6 autres wilayas concernant les placements administratifs. Ajoutez-y à cela l'amélioration qualitative des repas quotidiens dont le coût journalier est passé de 110 à 153 DA à partir de 2005, un taux de déperdition de la literie (matelas et couvertures) de l'ordre de 40% et une évolution de la courbe de l'insertion qui, de 1200 malades hospitalisés en 2000, est, à présent, à 1664 patients pour une durée minimum d'hospitalisation de 60 jours. L'ancienne approche consistant en la prise en charge individuelle du malade a montré toutes ses limites (rechute quasi systématique du malade et durée de séjour prolongée induisant des surcoûts de traitement). « Le cas d'un patient rétabli à l'issu de son intégration dans le processus de la thérapie familiale, après qu'il eut été soumis pendant 7 longs mois à la chimiothérapie, est illustratif à cet effet », dira la psychologue de l'hospice, Mme Yasmina Ouameur. Pédopsychiatrie La thérapie familiale suivant les normes de l'OMS a été introduite en 2003 à l'EHS de Oued Athmenia qui reste avec les hôpitaux de Chéraga et d'Oran, l'une des rares institutions du pays à opter pour cette stratégie curative novatrice. En plus des procédés classiques de guérison, à savoir l'antibiothérapie à base de neuroleptiques et la chimiothérapie, la méthode psychothérapique dispensée sur plusieurs séances offre l'avantage d'un traitement complémentaire alliant rapidité et efficacité. Le programme de thérapie en question, élaboré par les deux psychologues de l'institution sanitaire, est initié en présence des membres de la famille afin que « le patient soit mis dans un vrai contexte d'affection et de convivialité parentales » pour une meilleure identification de la pathologie, et afin d'établir avec exactitude les causes l'ayant engendrée. Ledit programme concerne sans exclusive tous les cas psychotiques, schizophréniques, dépressifs, les victimes de violences et de maltraitance, ainsi que les troubles comportementaux nés de problèmes de couples. La prevention par la pédopsychiatrie La pédopsychiatrie qui est une branche beaucoup plus préventive que curative cible les enfants âgés entre 1 et 10 ans souffrant de pathologies psychiatriques (problèmes de communication, déficiences affectives et/ou émotionnelles et autres handicaps), a bénéficié de l'ouverture d'une consultation et deux médecins psychiatres en formation pour l'optimisation de la performance médicale à l'endroit de cette catégorie de malades. Dans la même veine, une proposition de réalisation d'un service de pédopsychiatrie a été faite au ministère de la Santé. Secteur sanitaire ayant un service psychiatrique jusqu'à 1987, l'EHS deviendra un établissement géré par le décret n° 465-97 du 2-12-97, s'adaptant parfaitement à son statut de pôle médical d'envergure régionale. L'ambitieux programme d'aménagement impulsé en 2000 sous l'instigation de la DSP pour un montant de 1 milliard, la création en 2005 d'une structure d'urgences dotée de 6 lits organisés, et l'extension du bloc des placements judiciaires et du bureau des entrées moyennant près de 3 milliards, la fonctionnalité des équipements de la radiologie et du laboratoire qui assurent l'établissement au niveau de l'EHS de bilans complets et de diagnostics infaillibles, sont les signes de bonne santé de l'EHS.