British Petroleum (BP.L) et l'italien Eni (ENI.MI) sont en pourparlers sur l'avenir de leurs actifs pétroliers et gaziers en Algérie», révélait avant-hier l'agence britannique Reuters, selon laquelle «les deux groupes redoublent d'efforts pour recentrer leurs activités afin de faire face à la baisse des marges, à la hausse de la dette et aux pressions climatiques». Des sources, «demandant à ne pas être nommées», ont déclaré à Reuters que «BP et Eni étaient en pourparlers préliminaires pour que le groupe italien reprenne les actifs de BP en Algérie». «Les parties envisagent une vente pure et simple ainsi qu'une option pour que BP reçoive des participations dans les actifs d'Eni dans le monde entier, peut-être dans son développement phare de gaz naturel liquéfié au Mozambique, a déclaré l'une des sources», rapporte Reuters, qui indique que les parties en question «ont également examiné l'idée de créer une joint-venture dans le pays d'Afrique du Nord, similaire au modèle angolais». Précisant que BP et Eni ont refusé de commenter l'information, l'agence britannique estime que l'accord aiderait BP, qui détient également une participation de 33% dans l'usine à gaz d'In Salah, à céder ses actifs algériens après son échec depuis 2019 à vendre sa participation de 45,89% dans l'usine de gaz naturel d'In Amenas. Reuters explique qu'«en Algérie, comme en Angola, les groupes internationaux qui exploitent ou détiennent des participations dans les champs de pétrole et de gaz perçoivent des redevances fixes, basées sur la production des champs, dans le cadre de ce que l'on appelle les accords de partage de production (PSA)». «Cela les rend moins rentables qu'ailleurs et plus difficiles à vendre.» «L'une des sources lui a déclaré que BP avait essayé de vendre, mais cela s'était avéré difficile.» «Pour Eni, le plus grand producteur étranger de pétrole et de gaz en Afrique avec des intérêts stratégiques en Libye et en Egypte, l'acquisition des actifs de BP ferait de l'Algérie une plaque tournante», soutient Reuters, qui rapporte, en citant le rapport annuel de la compagnie italienne, que «la part nette de production de BP en Algérie en 2020 était de 141 millions de pieds cubes (mcf) de gaz par jour et de 6000 barils de pétrole par jour». «Eni, qui a des contrats d'importation de gaz à long terme dans le pays, indique la même source, a produit 81 000 barils d'équivalent pétrole par jour en 2020, dont 152,5 mcf de gaz.» «BP et Eni ont établi des plans pour transformer leurs activités dans les décennies à venir, en abandonnant le pétrole et le gaz pour les énergies renouvelables, aux marchés de l'électricité et aux entreprises à faible émission de carbone», croit savoir l'agence britannique, selon laquelle «Eni, qui s'est engagée à multiplier par quatre sa capacité d'énergie verte à 4 gigawatts en 2024, dispose de 5 MW de capacité solaire en Algérie». «Etant donné que les énergies renouvelables génèrent des rendements inférieurs à ceux du pétrole et du gaz, les majors sont confrontées à un dilemme alors qu'elles cherchent à réformer et équilibrer les investissements dans de nouvelles activités, tout en protégeant les notations, en maîtrisant la lourde dette et en maintenant les dividendes», analyse Reuters, qui affirme que la production de pétrole du géant italien des hydrocarbures «commencerait à diminuer après 2025, tandis que BP s'est engagée à réduire la production de pétrole de 40% d'ici 2030». Les principales sociétés énergétiques européennes réduisent leurs portefeuilles pétroliers et gaziers pour ne conserver que les actifs les plus susceptibles d'être rentables et redéploient des capitaux pour une transition vers une énergie propre, alors que l'incertitude monte sur la demande future de combustibles fossiles. Dans le cadre de cette stratégie, explique la même source, «les sociétés visent à concentrer leurs opérations sur les champs les plus rentables, comme le golfe du Mexique, dans le cas de BP, et le champ gazier géant égyptien de Zohr pour Eni». Cette dernière «a signé une série d'accords avec BP en Afrique, notamment des ventes de parts dans les champs de Nour et Shorouk en Egypte et un gros contrat commercial pour le GNL du projet Coral South d'Eni au Mozambique». Advertisements