Le sport est, dit-on, le reflet d'une société. Les Jeux olympiques en sont le miroir. C'est dans cette prestigieuse compétition où se concentre l'élite mondiale que les nations des cinq continents viennent s'affronter pour la conquête des médailles et du classement honorifique qui détermine leur puissance sportive derrière laquelle se profile la vitalité de leur économie et de leur progrès social et culturel. Une médaille, quelle que soit sa couleur, est donc le résultat direct d'un aboutissement sportif qui aura mis tant et tant d'années de persévérance, de rigueur dans la préparation, de travail et de sérieux avant d'éclore dans une explosion d'émotions que seules les Olympiades, à la limite de l'effort humain, peuvent provoquer. Kaléidoscope sociétal, le rendez-vous des nations offre une opportunité exceptionnelle aux athlètes pour jauger leurs valeurs et leurs performances sportives à l'échelle planétaire et mesurer leurs avancées ou leurs reculs dans un challenge dans lequel ils sont acteurs de leurs résultats. C'est aussi un rassemblement qui sert de point de repère et qui donne une idée précise sur l'évolution sportive des pays à travers une sélection implacable qui ne fait aucune concession à ceux qui prennent à la légère la philosophie olympique. Aux JO, on est habitué maintenant à voir pratiquement les mêmes grandes nations occuper le haut du tableau et rafler le maximum de médailles mises en jeu. C'est une récompense naturelle d'un travail acharné pour maintenir un niveau de compétition toujours plus haut et toujours plus performant. Derrière ces pourvoyeurs de grands champions qui nous font toujours rêver, on sait également que les pays faisant face à un sous-développement chronique éprouvent toutes les peines du monde à suivre le rythme de ces redoutables adversaires et se contentent souvent de quelques satisfecit pour sauver l'honneur et se promettre qu'ils feront mieux la prochaine fois. Le sport dans ces pays appartenant majoritairement au tiers-monde n'étant pas une priorité sociale, il va sans dire que le résultat de leurs représentants relève plus de la symbolique que d'une réelle détermination à vouloir prouver une «présence» sportive internationale qui n'existe que dans l'imaginaire. La participation algérienne aux Jeux de Tokyo, si elle appartient à la seconde catégorie, et contrairement à une tradition consistant à sauver quelques miraculeuses apparences, aura été cette fois fidèle et conforme à une image qui ne trompe pas. Celle d'un pays où la chose sportive et culturelle est en complète déliquescence par rapport aux vrais besoins exprimés par une jeunesse qui ne manque ni de valeur ni d'ambition pour peu qu'elle soit bien prise en charge. La bérézina au pays du Soleil-Levant s'inscrit ainsi dans cette incompétence flagrante dont font preuve les dirigeants (sportifs et autres) face à des défis de prestige qui engagent la crédibilité de toute la nation. L'Algérie est revenue avec zéro médaille, bonne dernière au classement général, alors que des pays en guerre ou en survie économique ont réussi à obtenir vaille que vaille une distinction pour l'honneur. Où est donc cette puissance sportive continentale ? L'humiliation est à son comble. Notre frustration est grande alors que la pandémie, si jamais elle servira d'excuse, est valable pour le monde entier. Au final, ce n'est pas seulement le sport qui est à blâmer, mais toute la société qui recule de façon dramatique. Il faut savoir que le laxisme et l'impunité qui ont toujours prévalu ne seront plus de mise. Advertisements