Les partis constituant le socle du pouvoir et ayant en commun de compter des secrétaires généraux en prison ont été les premiers à saluer l'organisation d'élections locales anticipées le 27 novembre prochain. Les mêmes éléments de langage sont servis à propos du «parachèvement de l'édification institutionnelle» et la «consécration de la représentation démocratique». Le pouvoir voudrait rendre cette échéance électorale rédhibitoire aux yeux de la majorité de la population qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Des prises de position enthousiastes émaneront également des organisations politiques fortement marquées au plan idéologique et reconstitueront les fameuses alliances à fort potentiel de gabegie et de malversation. A la fin de l'année, rien de nouveau, donc, à part la régénération du système ? Les partisans d'un retour à un ordre politique monolithique, notoirement autoritaire, peuvent jouer sur la léthargie post-traumatique pour réussir un passage en force et massif dans les assemblées locales, effectivement nécessaires à la «réédification» et la consolidation du système de gouvernance en place. En clair, des alliances FLN-RND-MSP, et en appoint les listes rarement spontanées des indépendants, seront une assurance vie pour les appareils de la régression et, traditionnellement, de la dilapidation. Déjà ébranlés lors des scrutins des années précédentes, des «remparts» de la démocratie risquent de tomber dans l'escarcelle de conglomérats politiques qui, en lieu et place d'une «gouvernance rénovée», comme l'affirme le discours officiel, n'auront pour seule mission que de mettre la société sous assistance administrative, tout en faisant prospérer la rapine. La démarche du pouvoir visant à «protéger les responsables locaux», soumettant toute enquête ou poursuite judiciaire à l'aval du ministre de l'Intérieur, apparaît ainsi proprement inquiétante. C'est dans un pays où des Premiers ministres croupissent dans des établissements pénitenciers que l'on décide de brider les services chargés des enquêtes, lesquels doivent intervenir quand il y a infraction à la loi et non à l'obtention du feu vert gouvernemental. Le garant de la transparence dans la gestion des affaires locales est le système démocratique. Celui-ci ne peut être bâti sans un engagement citoyen fort. L'initiative politique est restée, jusqu'ici, entre les mains du pouvoir. Il s'agit de la reprendre. L'ornière de la protestation sans fin a participé à ancrer l'impasse dans le pays. Les requêtes des habitants des villages et des quartiers continuent à être formulées et adressées aux médias. Le moment est pourtant venu de réaliser qu'il est possible de participer et même d'initier l'amélioration de son cadre de vie. Pendant la crise sanitaire, non encore dépassée, de vastes campagnes de sensibilisation ont été engagées, avec un certain succès, en direction des citoyens pour une «prise de conscience» sur l'exigence vitale d'observer des règles de protection et de prévention. A la suite de l'épisode douloureux des incendies de forêt, ayant fait de nombreuses victimes, l'impératif du respect de l'environnement et de la nature est en train d'être intégré par la société. Il reste à se rendre à l'évidence que les élections, notamment locales, concernent les citoyens et non le pouvoir. Advertisements