«Tamurth thughal tstwahch» , une phrase que ne cesse de répéter une vieille dame du village Athwihlane de la commune Ait Toudert de Larba Nath Wassif. Un décor apocalyptique règne et hante la route de Takhoukhth jusqu'à la sortie de Oued Aissi. Tous les magnifiques plans panoramiques du printemps passé s'estompent devant le règne d'une palette de couleurs cendrée dessinant les contours d'une Géhenne , même les bordures des figues de Barbarie pourtant gorgées d'eau n'ont pas résisté face à la déferlante enflammée. Les oliviers millénaires qui a l'aune de chaque Twizides cueillettes des olives rassemblaient les familles dans un cadre intimiste et convivial ne verront plus ces scènes cette année. Octobre sera, comme le précisent certains propriétaires des oliveraies au niveau de Tlata au bas des Athyanni, consacré au reboisement d'espèces d'arbres endémiques à la région, notamment l'olivier Chemlal. Chronique de feu et de courage Sur le chemin, nous avons rencontré Mme Z. Ifrah, une femme éprise de culture et de passion pour la recherche dans le domaine du patrimoine oral, nous rappelle dans le détail les incendies qui ont ravagé le village des Agouni Fourou, un village de l'ex-Arch des Ath Sedka qui est réduit aujourd'hui à une ombre fantomatique : «Le feu est parti du maquis de Verkmouche séparant les villages des Ath YENni de celui de Taourirth Mokrane des Ath Yirathen. Le feu à réduit à néant les multiples espèces d'arbres et d'arbustes que regorgent la forêt comme la bourrache, le lentisque, l'olivier, le frêne et d'autres variétés de plantes. Ce premier foyer s'est vu propagé à Ath Chaib et à Aseyakh dans le village des Ath Chvla connu aussi par Agouni Fourou. Aujourd'hui, le bas du village du lieu-dit Vuchikher jusqu'aux autres habitations témoignent à travers les branches et les troncs d'arbres calcinés qui jonchent la chaussée de la terrible nuit du lundi funeste. Le nouveau décor est planté : des figuiers complètement carbonisés avec quelques bougandjour tout en noir suspendu dans l'air. Et une ancienne huilerie traditionnelle abandonnée au bas de la rue, une image qui illustre la vulnérabilité de l'homme et l'anéantissement de l'effort de la paysannerie qui a fait de l'huile d'olive le symbole de la réussite de toute une région. En véritables vaillants irgazen, les membres du comité du village et à leur tête M. Kadi n'ont pas lésinés sur les moyens pour porter secours aux habitants du village sinistré. Une véritable chaîne de solidarité a été installée et la générosité a été d'un grand réconfort aux victimes de cette grande tragédie humaine. Régénération et reboisement Devant ce constat d'aridité de l'ensemble des zones dévastées par le feu, les spécialistes ont soulevé un autre problème, celui lié au phénomène du glissement de terrains et celui phénomène des éboulements qui seront favorisés par l'absence du couvert végétal et celui des milliers d'arbres qui soutenaient naturellement la terre. La seule devise à laquelle adhèrent tous les citoyens est la plantation des arbres et la régénération spontanée du maquis. Il y va de la sécurité de tous les villageois de reboiser et de construire des murs de soutènement pour faire face aux éventuels orages. Mme Z. Ifrah, très peinée et émue, poursuit son témoignage pour nous narrer, avec les larmes aux yeux, comment les flammes ont atteint le village Athwihlane. Un village de la commune Ait Toudert, elle a même repris les propos d'une dame qui circule sur les réseaux sociaux, celle qui décrit cette nuit d'enfer ou elle a été embarquée dans un camion, quadrillé par les flammes des deux côtés de la route de Takhoukhth, saluant au passage le courage du conducteur qui a foncé dans un ciel de feu et de braises permettant ainsi l'évacuation des villageois d'Ath Wihlane. Les chroniques de l'été de braise abordent aussi ce qui s'est passé dans une autre localité du nom de Tahachatt et plus précisément dans le village Taourirt qui a pris aujourd'hui la couleur du deuil déversant le blanc cendré, lâché par les braises, une véritable traînée de poudre qui a grimpée pour brûler Thougensft, Ath Ali et même les monts Azrou navdh laziz, azrou ntiri et azrou n Messaouda. Les jeunes bénévoles des Ouadhias qui sont venus secourir les femmes et les hommes qui ont fui leur maison, ont été surpris à leur tour par un autre foyer d'incendie qui a vite enflammé une partie d'Ath Abdelmoumen, les braves volontaires ont même réussi à mettre des familles à l'abri dans des écoles et même dans les dépôts de l'entreprise des eaux minérales Lala Khedija. Les leçons de l'instituteur du Village Le constat des dégâts sont énormes, Ahmed Abdi, l'instituteur de l'école des frères Chahid Akache qui, malgré l'état dans lequel se retrouve sa maison sur les hauteurs du village de Thougensft, s'est montré optimiste et réconforté par l'élan de solidarité auquel ont pris part des Algériens des quatre coins du pays et de la diaspora. Humble et courageux, rappelant les expériences des générations passées, il puise sa force de ce creuset des solidarités et de cet attachement à cette terre nourricière. En homme averti et connaisseur de la faune et de la flore, l'enseignant, Monsieur Ahmed Abdi, a scruté ce regain de vie dans les dernières traces des animaux qui fréquentent encore les cours d'eau Thala n taqua , les sangliers, les porc-épic, les chacals et les singes ainsi que d'autres bêtes sauvages qui ont fait leur apparition dans le paysage autrefois verdoyant, une véritable leçon de résistance face à la mort. Les singes de l'espèce magot n'ont pas changé leur habitude en campant sur les toits des maisons, et ils ont été servis comme il se doit en ces jours de disettes. Une manière de narguer la mort et de soutenir l'espèce humaine dans sa lutte contre le feu. Et de Cinq pour les Malkiens Enfin, le rendez-vous a été pris pour lancer avec des citoyens d'Alger et d'ailleurs la cinquième opération des trousseaux scolaires au grand bonheur des enfants. De studieux écoliers qui ont toujours hissé la wilaya au premier rang dans les résultats des examens des cycles scolaire, moyen et secondaire. Des opérations à laquelle ont pris part des personnalités de l'émigration dont Naima Dib qui n'est autre que la fille de Mohammed Dib, l'artiste peintre Hamza Nezzar et la société Concept emballage de Monsieur Faisal Akli, des journalistes et d'autres bonnes volontés ayant contribué à la réussite de cette collecte des trousseaux scolaires qui a fait de la cité Malki son quartier général. L'élan de solidarité a été cet oxygène qui redonnera vie à la nature endeuillée par les avatars du destin, la générosité des Algériens revisitera cette terre et paraphrasera l'éternel Rachid Mimouni et Le printemps n'en sera que plus beau. Advertisements