Un pays au bord de la crise de nerfs en pleine rentrée sociale, ce n'est pas le meilleur gage d'une réelle disposition à faire face aux nombreux défis qui se profilent à l'horizon, dans tous les secteurs d'activité. Les limogeages pleuvent, les têtes tombent, alors qu'il s'agit de reconstruire à la base. L'épisode douloureux des feux de forêt a été immédiatement suivi de fin de fonction pour plusieurs walis, rendus subitement responsables de la sécheresse, du mauvais aménagement du territoire et de l'absence de moyens de lutte contre les incendies. Ces commis de l'Etat ont toujours été affectés à des missions de contrôle ou de conditionnement de la société, chargés régulièrement de mener des opérations spectacles dans les villes et villages pour redorer l'image déliquescente des autorités, dont les seules réalisations aux yeux des populations sont la paupérisation galopante et l'impasse globale qui plombe le pays. Cette insoutenable légèreté dans la gestion des affaires des collectivités locales, à mille lieues de prévoir ou d'anticiper les risques mineurs ou majeurs, a été allègrement adoubée et accompagnée par les «instances délibérantes», ou plus prosaïquement les assemblées élues. On s'investit en chœur dans tout ce qui relève du cérémonial, de la symbolique et autres coûteuses vacuités. Les compétences et les cadres porteurs de savoir et d'idées novatrices sont rarement convoqués ou associés, encore moins écoutés. L'université est coupée de son environnement, notamment dans les régions où les sinistres sont démultipliés, l'impact et les répliques exponentiels. Elle n'est évoquée que pour l'affubler de fléaux sociaux et l'assimiler à des zones de non-droit, aux antipodes d'un lieu de rayonnement culturel et scientifique sur la société. Les tâtonnements et les coups de sang de cette rentrée doivent rapidement être dépassés pour laisser place à un travail soutenu et en profondeur. Il y a des périls passés et d'autres à venir. Le plus menaçant est celui qui pèse sur une vie économique déjà amorphe et qui peine à trouver de nouveaux ressorts de redéploiement dans le double contexte défavorable de l'épidémie en cours et de la crise financière endémique. Des entreprises sont en train de fermer d'une manière subreptice accentuant les incertitudes sur le front social. Il ne s'agit pas tant de maintenir artificiellement en activité des entités arrivées au bout de leur déstructuration et de l'obsolescence, mais d'en créer d'autres, viables et adaptées aux exigences de l'heure. Bien que couvert par le fracas des limogeages dans quelque département notoirement sinistré, le dossier de la transition énergétique et des énergies renouvelables, remis à l'ordre du jour, ouvre de vraies opportunités d'investissement et de développement dans un pays gorgé de soleil, et où les pannes d'électricité sont sanctionnées par d'autres révocations. La classe politique gagnerait également à dépasser ses propres scories et donner plus de synthèse et de clarté au débat national, pour une vision dynamique de l'avenir portée par les nouvelles générations. Les énergies doivent être renouvelées y compris dans des organisations quasi fossilisées qui ont fini par réduire les initiatives citoyennes en lieu et place de les encourager. Advertisements