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Realpolitik ou simple coup de sang ?
Publié dans El Watan le 09 - 11 - 2021

La gouvernance du pays sous Tebboune s'ouvre-t-elle à la realpolitik ?
Les tensions surgies entre l'Algérie et le Maroc ayant débouché sur la rupture des relations diplomatiques, suivies de la brouille avec la France qui n'est pas près de se dissiper, de l'aveu du président Tebboune au quotidien allemand Der Spiegel, suite aux propos outrageants du président Emmanuel Macron niant l'existence de la nation algérienne avant la pénétration coloniale, augurent-elles une vision nouvelle dans la sauvegarde des intérêts stratégiques du pays ? Une lecture à chaud des événements peut le laisser penser.
Mais la réalité des relations, bien plus complexes, qui fondent la coopération entre Etats à laquelle l'Algérie, en tant que pays en développement dépendant de l'étranger pour son développement économique et la satisfaction de ses besoins alimentaires n'y échappe pas, apparaît, de toute évidence, bien plus nuancée.
La politique étrangère, la coopération internationale sous les différents pouvoirs qui se sont succédé dans le pays depuis l'indépendance, a toujours été le théâtre d'enjeux politico-diplomatique et économique non déclarés et non assumés officiellement et à haute voix par l'Algérie et certains de ses partenaires traditionnels. Le soutien politique aux pouvoirs en place, en mal de légitimité, a fortement impacté la nature de cette coopération.
Hormis le défunt président Boumediène nourri à la doctrine et au combat du non-alignement, qui avait imprégné les relations internationales durant son règne, les autres équipes successives au pouvoir se sont attachées à concilier, dans le discours officiel mais pas toujours dans les faits, le souci du respect de la souveraineté nationale par les partenaires étrangers de l'Algérie avec le principe de la réciprocité des intérêts économiques et commerciaux, en absorbant les crises cycliques pour éviter les situations de césure comme celles d'aujourd'hui.
Face aux deux conflits avec le Maroc d'abord, la France, ensuite, Tebboune se présente comme le dirigeant qui marche sur les traces de Boumediène, par rapport aux principes de respect de la dignité et de la souveraineté nationales, refusant de faire dans les demi-mesures, en continuant, à l'instar de ses prédécesseurs, à user de compromis.
La question qui se pose est de savoir ce qui motive ce soudain accès de fièvre et de nationalisme à fleur de peau, alors que les relations conflictuelles avec ces deux pays, pour des raisons différentes liées à l'occupation du Sahara occidental, d'une part, et à l'histoire et à la mémoire, d'autre part, ont précédé la mandature du président Tebboune.
D'autres pays avec lesquels nous lient, de surcroît, des traités de partenariat dits stratégiques, ne s'embarrassent pas de se positionner, eux aussi, contre les choix fondamentaux de l'Algérie, comme ce fut encore le cas lors de la dernière résolution du Conseil de sécurité de l'Onu sur le Sahara occidental.
Le coup de sang de Tebboune aurait, sans doute, rencontré une plus grande résonance auprès de l'opinion nationale, si cette volonté de repenser et de recadrer les relations de l'Algérie dans leur profondeur stratégique sur des bases solides, fondées sur le respect mutuel et la réciprocité des intérêts, est réelle et avait été exprimée, plus tôt, avec autant de détermination, avec ses partenaires étrangers aux positions équivoques, pratiquant le double langage.
S'il s'agit bien d'une option stratégique de son programme d'action, les chantiers ne manquent pas. L'Algérie pourra-t-elle et a-t-elle intérêt à ouvrir de nouveaux fronts dans cette conjoncture difficile que traverse le pays ?

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