Réagissant à la prochaine délocalisation de la pouponnière Nouri Aïssa, sise au chalet des Pins, vers la commune de Hamma Bouziane, le personnel de cette institution manifeste haut et fort son opposition à ce transfert qui devrait se concrétiser au début du mois de juin prochain. Après une tentative avortée d'un règlement intra-muros entre la direction de l'action sociale et le personnel, la crise annoncée s'est déclarée aujourd'hui au grand jour via une lettre ouverte adressée par ce même personnel au ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, au wali de Constantine et à l'union de wilaya de l'UGTA, traduisant ainsi le pourrissement d'une crise qui va crescendo. Composé essentiellement de femmes, le personnel en place à la pouponnière considère ce transfert comme « une décision irréfléchie qui va à l'encontre des intérêts de ce foyer pour enfants assistés, lequel est en adéquation avec un environnement favorable à son bon fonctionnement du fait de la proximité des institutions avec lesquelles le personnel entretient des relations suivies, à savoir l'hôpital pédiatrique et autres unités de soins, le SAMU ou la Protection civile qui constituent des partenaires indispensables faute de disposer d'une ambulance pour assurer d'éventuels transferts aux services des urgences. Le personnel étant composé dans sa totalité de femmes dont la moitié dispose d'un traitement ne dépassant pas les 6000 DA, le problème du transport posera un gros problème, la majorité d'entre elles devant effectuer quotidiennement un trajet en trois escales pour se rendre à leur futur lieu de travail, ce qui absorbera une bonne partie de leur maigre cagnotte. » Les mêmes voix dénoncent « l'absence de véhicules, ce qui représentera dans la localité de Hamma Bouziane un handicap important largement en mesure de porter atteinte au bon fonctionnement de cette pouponnière ». A titre indicatif, il est utile de souligner que cette structure compte à l'heure actuelle une cinquantaine d'enfants, sachant, toutefois, que ce chiffre est fluctuant, et ce, en fonction des placements en kafala décidés par la commission instituée dans ce cadre au niveau de la DAS. En outre, les signataires de cette lettre ouverte portent un regard très critique sur le cadre de vie offert par l'environnement de la pouponnière qualifié d'hostile. « Cette localité d'accueil ne disposant pas d'infrastructures sanitaires en mesure de nous faciliter notre travail comme c'est le cas à Constantine-ville, il est à craindre que les opérations d'urgence ne soient un fiasco total. Nous tenons également à signaler que le site en question représente un danger réel pour notre personnel féminin compte tenu de l'absence de sécurité aux abords de ce nouveau foyer. Ainsi, pour l'ensemble des raisons invoquées, il est urgent de reconsidérer ce choix. » Le directeur de l'action sociale donne un autre son de cloche quand à la tournure prise par le contentieux soulevé par les signataires de cette pétition. Il estime, pour sa part, que dans le feu des contestations, le personnel a tiré à boulets rouges sur cette décision de délocalisation mais « sans tenir compte, souligne-t-il, de certains paramètres, objectifs, notamment de l'intérêt exclusif des enfants dont ils ont la lourde responsabilité, ne mettant en exergue que leurs préoccupations personnelles quand à leurs déplacements sur leur nouveau lieu de travail, et sur ce point, je tiens publiquement à réitérer mes engagements à mettre à leur disposition un bus qui assurera leur transport. Cela dit, les personnes réfractaires à ce transfert ont omis de signaler que les pupilles de l'Etat sont très mal hébergées à la pouponnière du Chalet des pins où ils sont entassés dans quatre pièces exiguës et souvent à deux par lit. Cet établissement ne dispose que d'un petit espace en guise de bibronnerie ainsi que de deux pièces servant de magasin. Par ailleurs, les espaces adéquats pour un bon exercice de la mission psychopédagogique notamment en matière de développement psychomoteur des enfants à charge y font cruellement défaut, de même qu'un vital pour la sieste et les jeux. En outre, il faut savoir que le personnel lui-même, toutes fonctions confondues, exerce dans des conditions pénibles faute de locaux convenables et cela n'est pas sans se répercuter sur le bon fonctionnement de la pouponnière. » A partir de ces données, le directeur de l'action sociale juge que ce transfert est largement justifié, d'autant, a-t-il tenu à préciser, que c'est le ministre de tutelle lui-même qui a pris cette décision sur la base des lacunes relevées lors d'une visite effectuée à la pouponnière du Chalet des pins. « Il est clair, ajoute-t-il, que la nouvelle pouponnière de Hamma Bouziane offre les meilleures conditions possibles pour une prise en charge efficiente des enfants à charge. Le site choisi est beaucoup plus agréable, les salles d'hébergement sont plus nombreuses et surtout plus spacieuses permettant une répartition des enfants par âge et par sexe, le cadre de vie est agréable et les espaces de jeux répondent aux intérêts de nos pensionnaires. »